Insertion des jeunes : le constat alarmant du CESE
Afin de mieux comprendre les enjeux liés à la jeunesse, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) accueille maintenant dans son hémicycle des jeunes, quatre représentants d’associations étudiantes et d’associations de jeunesse. L’avis « Sécuriser le parcours d’insertion des jeunes » a été rendu après quatre mois de réflexion, 70 rencontres et auditions de jeunes dans les missions locales et les partenaires sociaux.
Le CESE a cherché à faire le bilan du plan priorité jeunesse du gouvernement et de la situation des jeunes. Depuis 2012, le CESE participe à l’élaboration des politiques publiques. Certains de ses avis ont été pris en compte, comme celui concernant la dimension interministérielle de la jeunesse. Les jeunes sont concernés par les ministères du logement, de l’éducation et évidemment de la jeunesse… Un comité interministériel a réuni 26 ministres. Un délégué interministériel a été créé. Actuellement rattaché au ministère de la jeunesse, le CESE souhaiterait qu’il soit rattaché au Premier ministre.
Le gouvernement a également modifié le seuil des bourses.
Depuis 2012, 150 000 emplois d’avenir ont été créés et la garantie jeune existe depuis 2014. Malgré ces mesures, la situation des jeunes s’aggrave. Cela est à la fois dû à la crise économique mais aussi à une crise structurelle.
De nombreux jeunes se retrouvent dans une situation difficile car ils n’ont pas bien été conseillés lors de leur orientation.
Les jeunes appartiennent à la catégorie de la population la plus touchée par la pauvreté. 1 jeune sur 5, de 18 à 29 ans vit sous le seuil de pauvreté soit 1,93 millions de personnes.
En France, on dénombre entre 1,6 et 1,9 millions de NEET (not in education, employment or training) de 16 à 29 ans. Ce chiffre est principalement alimenté par les 140 000 jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme. Il n’existe pas beaucoup de statistiques, cela en dit long sur la prise en compte de la jeunesse.
L’âge d’entrée dans une vie professionnelle stable recule. Il est de 29 ans aujourd’hui contre 22 ans en 2000 et 20 ans en 1970. Il existe un âge, juste après les études, qui n’est pas pris en compte par le système de protection sociale. Ce dernier s’appuie sur une entrée dans la vie active dès la sortie des études et une solidarité familiale jusqu’à 25 ans. Certains jeunes sont obligés d’arrêter leurs études et de se mettre à travailler.
De plus, les jeunes ne peuvent pas toucher le RSA.
Une fois sortie du système éducatif, 1 jeune sur 5 recherche encore un emploi après 3 ans. En tout, 23,8% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage (environ 700 000 jeunes). Ces chiffres atteignent même 45% dans certains endroits.
Les jeunes subissent souvent un phénomène de déclassement. On estime à 10-15% le taux de diplômés du supérieur victime de déclassement.
Le logement reste l’un des problèmes principaux pour 70% des jeunes. La caution parentale, souvent obligatoire met en difficulté les enfants en rupture familiale ou issu d’un milieu très modeste.
Concernant la santé, 10% des 18-24 ans ne bénéficient pas de complémentaire santé et 27,2% ont déjà renoncé à des soins par manque d’argent. Les jeunes sont plutôt en bonne santé mais le report peut s’avérer cher dans la durée.
De nombreux jeunes trouvent les missions locales inutiles. Ils obtiennent un rendez-vous tous les trois mois et peu ont accès à la garantie jeune.
Les jeunes se sentent abandonner du système. Selon le CESE, ils risquent de s’habituer à ce système de « galère et de débrouille » et ainsi mettre à mal le système de protection social une fois arriver à l’âge mur. Pour preuve du désintérêt des jeunes pour la politique, l’abstention aux départementales, supérieure à 60% pour les moins de 35 ans.
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