Le combat d’une Française pour son mari américain, condamné à mort : sauvé de justesse hier, il bénéficie d’un sursis

Sandrine Ageorges, épouse de Hank Skinner, un texan de 47 ans condamné à mort pour un triple meurtre, se bat depuis plusieurs années pour la révision du procès de celui qui a toujours clamé son innocence. Alors que l’injection létale était programmée hier, Hank Skinner a appris le report de son exécution une heure avant, dans le couloir de la mort. Un sursis précieux et inespéré.

Un amour épistolaire
Sandrine Ageorges milite contre la peine de mort depuis plus de trente ans. Durant toutes ces années, elle a suivi et défendu de nombreux cas. En 1995, elle découvre une association de condamnés à mort du Texas, Lamp of Hope (la lampe de l’espoir). Elle prend alors contact avec trois détenus, dont Hank Skinner, avec qui elle entame alors une longue relation épistolaire. Ils s’écrivent et se découvrent pendant cinq ans. Sandrine prend alors connaissance de l’affaire qui a valu à son nouvel ami, qu’elle finira par épouser en 2008, une condamnation à mort quelques années plus tôt.

Le coupable idéal
Hank Skinner a été reconnu coupable d’un triple meurtre en 1995 . Deux ans plus tôt, la police retrouve, dans sa maison, le corps de sa compagne,Twila Jean Busby, la tête fracassée à coups de hache, et les deux enfants de celle-ci, poignardés. L’homme, qui a le profil idéal, fait un bon coupable : il est alcoolique et connu des services de la police pour des petits méfaits. Lors de son procès, il a beau protester de son innocence, ne se souvenant absolument rien de cette nuit-là, la justice le condamne à mort. Des traces du sang des victimes ont été retrouvées sur ses vêtements, et ses empreintes figuraient dans la chambre des deux fils et sur la poignée d’une porte. De plus, l’accusé souffrait d’une entaille à la main, qu’il aurait pu se faire en poignardant les deux enfants. Skinner a affirmé à l’époque s’être coupé avec du verre cassé, mais sans pouvoir le prouver. Enfin, le témoignage d’une voisine, affirmant que Hank l’a menacée pour l’empêcher de prévenir la police, contribua à l’enfoncer un peu plus.

Des faits troublants sont pourtant apparus après le procès et de nombreuses associations ont dénoncé une procédure bâclée, un avocat commis d’office corrompu et incompétent. Les avocats de Hank et sa femme réclament de nouveaux tests ADN, qui pourraient prouver son innocence. Pour eux, Hank ne peut pas avoir commis ce crime, tout simplement parce que la nuit du meurtre, il était tellement ivre qu’il ne pouvait pas même tenir debout. Les analyses toxicologiques réalisées sur Hank Skinner montrent en effet qu’il était physiquement incapable de commettre ces meurtres, ayant ingurgité une importante quantité de vodka et de codéine. Depuis, ses défenseurs se battent pour obtenir un report de l’exécution afin de pratiquer des tests ADN sur plusieurs éléments retrouvés dans la maison de Hank la nuit du crime, qui n’ont jamais été analysés! Ils veulent également montrer que le véritable meurtrier pourrait être l’oncle de Twila Jean Busby, un ex-détenu au penchant prononcé pour l’alcool, au caractère violent, mort en 1997 sans avoir jamais été interrogé. Pourtant, la victime s’était plusieurs fois plainte de propos sexuels grossiers que son oncle tenait à son encontre, et notamment le soir du meurtre. Autre fait troublant, la voisine avait finalement retiré son témoignage en 1997, expliquant avoir subi des pressions de la police pour incriminer Hank Skinner.

Un sursis inespéré
Alors qu’il attendait d’être exécuté par injection létale mercredi soir, Hank Skinner a appris par téléphone, une heure avant d’entrer dans le « couloir de la mort », que la Cour Suprême avait décidé de suspendre son exécution. C’est la deuxième fois que le mari de Sandrine Ageorges obtient un sursis in extremis. Ce répit permettra peut-être, si les requêtes pour effectuer les tests ADN aboutissent, de sauver Hank Skinner d’une probable mort, avant qu’une nouvelle date d’exécution soit arrêtée. Jusqu’ici, les huit requêtes formulées par ses défenseurs ont été rejetées. Mais Sandrine est prête à se battre jusqu’au bout, comme elle l’a fait pendant toutes ces années.


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