RIVE : un programme secret pour lutter contre la radicalisation.
Depuis plus d’un an, le gouvernement mène en secret un projet baptisé RIVE (Recherches et Interventions sur les Violences Extrémistes), ayant pour objectif la réinsertion de personnes radicalisées. Unique en Europe, ce dispositif est actuellement testé en Ile-de-France, avec le soutien de l’administration pénitentiaire. Une quinzaine de personnes, toutes majeures, participent à ce programme obligatoire, mis en place par un juge dans le cadre d’une procédure de contrôle judiciaire. Les « profils » sélectionnés sont surtout d’anciens djihadistes partis combattre en Syrie, des apologistes du terrorisme mais aussi des personnes ayant consulté des sites appelant au djihad. Une démarche de suivi individualisée leur est imposée, si bien qu’aucun d’eux ne se croise dans les couloirs du bâtiment encore tenu secret pour des raisons de sécurité.
Le programme s’est donc développé en toute discrétion, autour notamment d’un pilier : la restauration du lien de confiance entre l’individu et la société. Selon la ministre de la justice Nicole Belloubet, le dispositif RIVE « n’est pas la seule expérience de gestion de la radicalisation. Il y en a d’autres. Nous ne prenons pas en charge uniquement 14 personnes. Mais nous souhaitons à partir de ce qui se fait ici, modéliser peut-être cette prise en charge et voir de quelle manière nous pouvons la dupliquer. »
Le modèle de fonctionnement de RIVE, qui rappelons-le est un dispositif qui intervient en complément de solutions déjà existantes, est différent puisque l’accompagnement se déroule parfois en milieu ouvert. Ce dispositif est notamment composé d’entretiens individuels, qui peuvent se dérouler lors d’un repas chez le prévenu (si celui-ci est sous bracelet électronique par exemple), sur un banc, ou même dans les transports. Au programme également : des sorties originales, comprenant la visite du musée de l’immigration ou une rencontre avec un professeur de géopolitique.
L’équipe qui encadre les participants au projet RIVE est pluridisciplinaire, et ce afin d’aborder de manière globale la problématique de la radicalisation, et d’en identifier les multiples causes. Tous les aspects de cette déviance sont abordés : social, politique, religieux ou économique. On retrouve donc un psychiatre, une psychologue, un aumônier musulman ainsi que trois travailleurs sociaux. Le suivi est assuré six heures par semaine pour chacune des personnes sélectionnées, et ce depuis un an. La question des motivations ayant conduit le passage à l’acte est centrale durant cette procédure.
S’il est un peu tôt pour faire un bilan de ce programme, personne n’est retourné en prison depuis la mise en place de RIVE. Le dialogue est désormais bien instauré entre les individus et l’équipe encadrante. Certains expriment parfois des doutes sur leur endoctrinement, quand d’autres envisagent de renouer avec l’emploi ou la formation. Les professionnels estiment cependant qu’il faudra encore longtemps avant que les personnes radicalisées soient totalement réinsérées. Le gouvernement est à l’heure actuelle en train d’envisager une extension de ce dispositif à d’autres territoires. En Ile-de-France, ce sont 18 personnes supplémentaires qui pourraient bénéficier de ce programme l’an prochain. Pour rappel, ce sont plus de 1400 citoyens français qui sont aujourd’hui visés par des poursuites pour des faits liés au terrorisme.
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