Qui a « suicidé » Robert Boulin ?

Le ministre du Travail s’est-il réellement donné la mort en 1979 ? Le témoignage d’un gendarme retraité conteste cette hypothèse.

«Je suis catégorique. Robert Boulin n’est pas mort noyé. Ce n’est pas possible. Il était quasiment à quatre pattes. La tête hors de l’eau», explique Francis Deswarte au quotidien gratuit 20 Minutes. L’ancien gendarme de 70 ans, à l’époque chef à la brigade motorisée de Poissy (Yvelines), rejette ainsi la thèse officielle du suicide, qui prévaut depuis 1979.

D’après le quotidien, Francis Dewarte a été le premier à apercevoir le corps à la surface de l’étang. «Ma conviction, c’est qu’il tentait de ramper jusqu’à la berge. Et puis, il avait des traces sur le visage. Comme des griffures rouges», ajoute le gendarme retraité. «Il était à genoux» et «regardait vers sa voiture», une Peugeot «305» garée tout près, insiste-t-il.

Revenant sur les circonstances de son intervention, il explique avoir été appelé le 30 octobre 1979 à 7 heures avec ses hommes pour un «renfort aux étangs», avec pour «mission de rechercher une haute personnalité susceptible de mettre fin à ses jours». Ils seront selon lui «dessaisis» de l’enquête «trente minutes» après la découverte du corps.

M. Deswarte assure également que «deux ou trois mois plus tard», lors de l’audition, «les policiers ont voulu (lui) faire changer (sa) version» des faits. «Alors que je parlais des traces sur son visage, ils m’ont expliqué que les pompiers avaient fait tomber le corps en le sortant de l’étang. Mais ce n’est pas vrai. J’étais là. Les pompiers l’ont sorti sans aucune difficulté», ajoute-t-il. «J’ai entendu beaucoup de mensonges. Il est temps de dire la vérité», explique encore M. Deswarte pour justifier sa décision de parler.

Ministre de Valéry Giscard d’Estaing pressenti pour Matignon, Robert Boulin avait été retrouvé mort dans l’étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines (Yvelines), dans 50 cm d’eau, le 30 octobre 1979. Selon la version officielle, mis en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var), il s’est suicidé en absorbant des barbituriques après l’avoir annoncé à différentes personnes dans des lettres.

Suite à ce nouveau témoignage, la famille de l’ancien ministre va à nouveau demander la réouverture d’une enquête judiciaire, a fait savoir l’avocat de la famille, Me Olivier Morice.


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