Clearstream : Villepin nie tout en bloc

La botte de foin que représente l’affaire Clearstream s’épaissit encore un peu. L’ancien premier ministre, Dominique de Villepin entendu hier s’est contenté de nier toutes les accusations portées contre lui et Jacques Chirac.

« Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui apporter ma contribution à l’émergence de la vérité dans une affaire où les mensonges et les manipulations ont obscurci cette vérité. » S’il n’est pas dans une position des plus confortables en ce moment, Dominique de Villepin semble tout de même prendre un certain plaisir à jouer les agitateurs publics. Sa chute, si elle a lieu, ne se fera pas sans bruit.

Hier, il devait donc donner sa version des faits. Sans surprise, il a gardé la même ligne de conduite. Selon Dominique de Villepin, l’affaire clearstream a débuté le 1er janvier 2004. Ce jour-là, il rencontre Jean-Louis Gergorin au Quai d’Orsay. Ce dernier dévoile alors l’existence d’un système financier occulte. La suite, toujours selon l’ancien premier ministre, se passe le 9 janvier. Devant le général Philippe Rondot, Jean-Louis Gergorin développe son analyse du système frauduleux et balance des noms. Dominique de Villepin lui, nie n’avoir jamais eu en sa possession les listings Clearstream.
Aussi, il insiste : « A aucun moment le nom de Nicolas Sarkozy ou de ses patronymes (De Nagy et Bocsa, ndlr) n’a été évoqué au cours de cette réunion », a-t-il dit. Puis fidèle parmi les fidèles, il lance une perche à son mentor Jacques Chirac : « Il n’y a jamais eu d’instructions présidentielles dans le dossier Clearstream. » La seule chose que Dominique de Villepin reconnaît est d’avoir bien demandé la poursuite de l’enquête, lancée en novembre 2003 par le ministère de la Défense.

« Des notes qui ne reflètent pas ce qui s’est dit ce jour-là »

Le reste n’est, selon lui, qu’affabulations. Les notes du général Rondot, attestant que le nom de Nicolas Sarkozy ait été cité à plusieurs reprises lors de la 1ère réunion, seraient inexactes. « Ce sont des notes de travail, évolutives, qui ne reflètent pas ce qui s’est dit ce jour-là.« , a-t-il ainsi commenté.

Idem pour les rendez-vous secrets mentionnés par Jean-Louis Gergorin. Pour Dominique de Villepin, il n’y en a jamais eu. Tout comme l’ordre de saisir un juge sur cette affaire. Si Jean-Louis Gergorin assure avoir reçu l’injonction du ministre de l’Intérieur d’alors, ce dernier nie tout en bloc.

Face à Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, le ton est monté d’un cran. Toujours droit dans ses bottes, Dominique de Villepin s’est encore montré sûr de lui : « Vous n’arriverez pas à mettre une implication du ministre que j’ai été dans une action que je n’ai pas commise. »
L’affaire Clearstream patauge donc toujours et encore. Trois témoins principaux, trois versions différentes. Mais combien de menteurs ?


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