Bahreïn, Libye, Yémen, Iran : la révolte gagne du terrain
On attendait l’Algérie pour prendre la suite de la révolte des pays musulmans, mais elle se poursuivra peut-être dans un autre pays. Au choix : le Bahreïn, la Libye, le Yémen, ou même l’Iran, qui ont vu augmenter les mouvements de contestations.
Le Bahreïn… ce petit pays monarchique sunnite voisin de l’Arabie Saoudite connait des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre depuis lundi. Jeudi matin, la police a démantelé un camp de manifestants et tué 3 personnes, portant le nombre de victimes de cette semaine à 5.
La population réclame des mesures politiques et sociales, tandis que le chef de l’opposition demande la démission du gouvernement bahreïni. Car le Premier ministre gouverne le pays depuis son indépendance en 1971. Le Wefak, principal groupe d’opposition chiite, a annoncé que tous ses membres allaient quitter le Parlement. Les tanks de l’armée ont investis la capitale Manama.
Des manifestations ont lieu au Yémen depuis une semaine également. Avec de violents affrontements entre les partisans du président Ali Abdallah Saleh et ses opposants. La principale raison de ce soulèvement est la pauvreté : un tiers de la population souffre de malnutrition, et 40% des Yéménites vivent avec moins de deux dollars par jour.
Au pouvoir depuis 32 ans, le président a accusé les pays étrangers d’inciter le chaos et la violence au Yémen. C’est ce qu’il aurait déclaré mercredi lorsqu’il était au téléphone avec… le roi du Bahreïn. Le Yéménite a toutefois annoncé qu’il ne se représenterait pas une fois son mandat actuel terminé, en 2013. Ca ne vous rappelle pas quelqu’un ?
Ce sera en revanche plus difficile de faire bouger Mouammar Kadhafi, à la tête de la Libye depuis 1969. Les opposants à sa dictature ont lancé sur les réseaux sociaux un appel pour manifester ce jeudi. Déjà dix victimes sont à déplorer (4 la nuit dernière, 6 aujourd’hui), alors que des manifestations en faveur du régime s’organisent aussi.
Le scénario tunisien ou égyptien ne devrait pas se reproduire en Libye. Car, si le pays souffre de chômage, d’inégalités et de manque de libertés, Kadhafi est indéboulonnable (remarquez, on disait pareil d’Hosni Moubarak). Et le pays est un puissant exportateur de pétrole, ce qui laisse de la marge au colonel pour faire des concessions pour son peuple. Mais le vent du mécontentement souffle…
L’Iran, pays de Mahmoud Ahmadinejad, est lui aussi sujet à une vague de contestation. Les manifestations de lundi ont rassemblé des milliers de personnes, faisant deux morts. On a d’un côté les sites d’opposition qui appellent à une manifestation dimanche; et de l’autre le pouvoir qui prévoit une manifestation vendredi pour exprimer « la haine, le dégoût et la colère contre les chefs de la sédition ».
On avait déjà vu qu’en 2009, malgré l’interdiction de manifester, les Iraniens n’avaient pas hésité à descendre dans la rue pour protester contre la réélection contestable d’Ahmadinejad. On peut imaginer qu’ils seront encore plus motivés pour demander la tête du régime. D’ailleurs, l’attitude du président iranien est paradoxale : il a félicité les Egyptiens pour leur révolution et réprime celle de son pays. Alors que c’est sensiblement la même chose.
Photo: RFI
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