Gandhi : bisexuel et raciste ?
On ne plaisante pas avec les héros nationaux. En Inde, une biographie de Gandhi laissant penser que le « Père de la nation » indienne était bisexuel et raciste pourrait amener l’Union à emprisonner toute personne insultant le célèbre apôtre de la non-violence.
Ecrit par Joseph Lelyveld, ancien rédacteur en chef du New York Times, « Great Soul » revient sur la vie du mahatma Gandhi, et s’intéresse de près à sa sexualité. Le livre avance, en particulier, qu’il aurait entretenu une passion avec un architecte et culturiste allemande du nom d’Hermann Kallenbach, en Afrique du Sud.
lyveld s’appuie sur la correspondance de Gandhi pour affirmer que ce dernier aurait quitté sa femme en 1908 pour Kallenbach. «Votre portrait (et lui seul) repose sur le manteau de cheminée de ma chambre à coucher… face au lit», lui écrit-il par exemple. Dans un autre message, il lui confie «à quel point [il a] pris possession de [son] corps ». Parmis d’autres allusions cryptées, le père spirituel de l’Inde écrit notamment que la Vaseline lui rappelle son ami… No comment.
Dans un autre passage, l’auteur décrit Gandhi comme un homme en proie à un appétit sexuel loin des idéaux ascétiques qu’il professait depuis son ashram. Pire, l’ouvrage dépeint Gandhi comme animé de profonds préjugés à l’encontre des noirs en sud-africains, déclarant ainsi que « les Cafres (terme particulièrement injurieux désignant les noirs en Afrique du Sud) n’étaient pas civilisés. »
« Le mahatma Gandhi est vénéré par des millions de personnes, non seulement en Inde mais dans le monde entier. Nous ne pouvons permettre à personne de tirer des conclusions désobligeantes sur des figures historiques et de les dénigrer. L’histoire ne nous le pardonnerait pas », a affirmé le ministre de la Justice, M. Veerappa Moily, au journal indien Express. Un amendement à la loi indienne de 1971 sur l’honneur national pourrait assurer au personnage de Gandhi une protection analogue à celle qui s’applique à la constitution et au drapeau national ; toute insulte le visant serait alors passible de prison.
L’auteur du livre dénonce pour sa part l’interprétation faite par les quotidiens indiens qui auraient, selon lui, déformé les propos contenus dans son livre. « Je ne prétends pas que Gandhi est raciste ou bisexuel, se défend-t-il dans un communiqué de presse. Le mot bisexuel n’apparaît nulle part dans le livre ».
Quoiqu’il en soit, l’Etat occidental du Gujarat, dont Gandhi était originaire, a interdit ce mercredi la vente et la distribution de la biographie. Celui de Maharashtra prend également des mesures pour son interdiction, selon des médias locaux.
En somme, même si personne n’est parfait, il ne fait parfois pas bon de le rappeler.
« Aznavour: mort sur le netEcole supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris) »