Côte d’Ivoire : Eviter la crise après la crise
Après la chute de Laurent Gbagbo de début de semaine, c’est presque 10 ans de guerre civile qui prennent fin. Vraiment ? Pas sûr, car la Côte d’Ivoire est encore divisée et Alassane Ouattara a du pain sur la planche pour éviter une crise après la crise.
Si Alassane Ouattara – désormais le président officiel de la Côte d’Ivoire – a promis des poursuites contre Laurent Gbagbo et ses proches, il a appelé au ralliement des troupes de l’ancien président et a assuré qu’il n’y aurait pas de vengeance envers les anciens pro-Gbagbo. Pour le nouveau président, il n’y a qu’un mot d’ordre, c’est la réconciliation.
Ouattara arrive à la tête d’un pays constitué de plus de 60 ethnies, et surtout divisé en deux entre le Nord musulman favorable à Ouattara et le Sud chrétien pro-Gbagbo (en schématisant). Les violences entre les deux camps, qui touchent la Côte d’Ivoire depuis presque 10 ans, ont notamment été la cause du report des élections jusqu’en 2010. Alassane Ouattara a donc pour défi de faire déposer les armes à tous les combattants ivoiriens, tel Charles de Gaulle après la Seconde Guerre mondiale.
Dans son premier discours en tant que président officiel de la Côte d’Ivoire, Ouattara a appelé à la réconciliation nationale et à « s’abstenir de tout acte de représailles » contre les partisans du président déchu. Car il va devoir ramener la sécurité dans un pays meurtri par les massacres (au moins 1 500 morts et des millions de déplacés depuis décembre 2010), alors que certains habitants favorables au nouveau président craignent désormais l’infiltration de miliciens pro-Gbagbo dans leurs rangs, en plus des échanges de tirs et des pillages qui se poursuivent.
Dans Le Parisien, un Français installé en Côte d’Ivoire depuis plus de trente ans explique qu’Alassane Ouattara doit « repartir de zéro », puisque « depuis dix ans, les gendarmeries et les commissariats sont tenus par des hommes qui doivent tout à Gbagbo. » Sa tâche de réconciliation sera d’autant plus difficile que « ceux qui lui ont permis de prendre le pouvoir, par les armes, sont des chefs de guerre qui ne s’entendent pas entre eux », toujours selon le témoin du quotidien. Sans parler d’une économie à relancer, surtout après les différentes mesures de la communauté internationale.
Dans un très bon article du Monde, il est dit que des membres du gouvernement d’Ouattara ont dû céder leur repas aux proches de Gbagbo sur ordre du président, car il n’y en avait pas assez. Tout un symbole.
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