Nicolas Sarkozy : la prime des salariés, un rêve irréalisable ?
Nicolas Sarkozy revient sur terrain du social et du pouvoir d’achat. A l’occasion de son déplacement dans les Ardennes, qui sonne comme le lancement de sa campagne, le président a affirmé qu’il ne renoncerait pas à la prime pour les salariés. Sauf que les modalités de cette mesure sont floues, et que la mise en place est un vrai casse-tête.
« Dans les grandes entreprises, s’il y a une forte augmentation des dividendes, il faudra que les salariés en aient une partie. […] Et dans les petites entreprises où il n’y a pas de distribution de dividendes, si ça va mieux, si le carnet de commande se remplit, l’entreprise pourra faire une prime aux salariés qui sera exonérée de cotisations. » Voilà les deux grandes lignes de la prime voulu par le chef de l’Etat, qu’il a annoncées mardi pendant son déplacement dans les Ardennes.
Le principe de la prime est de lier les salaires aux bénéfices des entreprises, en particulier celles qui versent des dividendes. Cela concernerait entre 2,8 et 3 millions de salariés, et exclurait les fonctionnaires, les professions libérales et indépendantes. Il faut qu’il y ait « une forte augmentation des dividendes » pour que cette prime soit versée… Mais ça veut dire quoi exactement, « forte augmentation » ? Mystère, pour le moment.
Selon les premiers éléments, le montant de cette prime serait de 1 000 euros, même si L’Expansion pense que ce ne sera qu’un montant maximum. Si c’était effectivement le cas, le versement de la prime coûterait 800 millions d’euros aux sociétés du Cac 40, selon le site qui a fait les calculs. Ce qui ne représente que 1% des bénéfices des entreprises. Pour les PME qui ne versent pas de dividendes, aucune précision supplémentaire n’a été donnée, comme la taille des entreprises ou le montant de la prime.
Ségolène Royal a estimé ce mercredi que Nicolas Sarkozy était « bien en deçà de ce qu’il avait promis » en 2007. A savoir, « la règle des trois tiers : un tiers des résultats pour les salariés, un tiers des résultats pour les actionnaires et un tiers des résultats pour réinvestir. » Pour la socialiste, cette annonce n’est pas suffisante. Pour les syndicats, elle est contestable : « système inégalitaire » selon la CFDT, c’est « les salaires qu’il faut augmenter » pour la CGT, « ça ne règle pas le pouvoir d’achat » estime FO ; et Laurence Parisot, la patronne des patrons, parle d’une proposition « dangereuse pour l’emploi » et « incompréhensible. »
En effet, aucune précision concrète n’a été apportée par qui que ce soit. Xavier Bertrand, ministre du Travail, veut que le système soit obligatoire, contrairement à Christine Lagarde, ministre de l’Economie, qui demande à ce qu’il soit facultatif. Le ministre du Budget François Baroin espérant qu’elle sera d’au moins 1 000 euros, tandis que Christine Lagarde ne veut pas imposer de montant. Troisième point de désaccord : la prime dépendra peut-être du versement des dividendes (comme l’a annoncé Nicolas Sarkozy), mais Xavier Bertrand veut qu’elle dépende de leur augmentation d’une année sur l’autre. Dire qu’ils vont devoir se mettre d’accord pour que la loi finale soit présentée « avant l’été » !
Mais c’est surtout à la fin de la semaine que les modalités de la prime devraient être arrêtées. Pas facile, quand des questions restent encore en suspend, comme la durée de vie de la prime, le niveau de l’exonération, comment toucher le maximum de salariés et comment ne pas couler des PME fragiles. J’avais dit un casse-tête ?
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