Quotas FFF : les anciens Bleus de 1998 sont divisés
La Fédération française de football est dans une tourmente dont elle aurait bien voulue se passer. Cinq jours après les révélations de Mediapart concernant les quotas de joueurs binationaux dans les centres de formations, l’affaire avance : la « taupe » s’est dénoncée et un proche de Fernand Duchaussoy, président de la FFF, est désormais pointé du doigt. Deux anciens Bleus de 98 sont montés au créneau, mais pas le même.
Toujours dans un hôtel en Italie pour se ressourcer, Laurent Blanc est en première ligne dans cette affaire de « quotas ». Si bien que sa démission, impensable il y a encore une semaine, est demandée par plusieurs acteurs du monde du ballon rond.
C’est notamment le cas de Lilian Thuram, ancien défenseur des Bleus et champion du monde 98. Dimanche matin, soit le lendemain des révélations de Mediapart, l’ancien international estimait dans Téléfoot que « si Laurent Blanc est impliqué, il doit évidemment partir, comme il le dit lui-même. » Il espérait que les propos alors attribués au sélectionneur français, qu’il a côtoyé en équipe de France de nombreuses années, étaient faux, avant de lancer que le contrôle de double nationalité sur des enfants de 12 ou 13 ans était « inadmissible. »
Malheureusement, après avoir nié, Laurent Blanc a confirmé les propos et s’est excusé lundi : « que certains termes employés au cours d’une réunion de travail, sur un sujet sensible et à bâtons rompus, puissent prêter à équivoque, sortis de leur contexte, je l’admets et si, pour ce qui me concerne, j’ai heurté certaines sensibilités, je m’en excuse. » Mais le sélectionneur a souligné qu’il « faut être de mauvaise foi pour ne pas voir que le débat auquel j’ai participé n’avait évidemment pas pour objectif de «diminuer le nombre de noirs et d’arabes dans le football français» comme voulait le laisser entendre le titre outrancier de l’article, mais uniquement d’envisager le futur du football français et donc d’aborder, par voie de conséquence, le lourd et délicat problème des joueurs à double nationalité ainsi que les modalités de détection/sélection pour un nouveau projet de jeu. »
Invité sur RTL le soir même, Lilian Thuram persiste et signe : « ses excuses n’ont pas été à la hauteur de ce qui s’est passé. […] Je pense que le tort qu’il a eu, c’est de nier. […] Le problème n’est pas de savoir si Laurent Blanc est raciste ou pas, il est de savoir si on peut être favorable ou non à la discrimination d’enfants de 12 ans. Moi, je ne le suis pas. »
Une prise de position qui n’a pas plu à Christophe Dugarry, autre ancien de 98. « Ce qui me gène dans le comportement de Lilan Thuram, surtout quand je le vois s’affronter de manière aussi frontale à Laurent Blanc, c’est de vouloir passer pour le juge de la cour suprême », a-t-il expliqué sur Infosport. Le consultant pour Canal + poursuit : « j’ai toujours l’impression qu’il veut donner des leçons de comportement à tout le monde en disant qu’il faut que certain fasse ceci et pas cela, comme avec Patrice Evra où il fallait presque le guillotiner parce qu’il était capitaine de l’équipe de France et qu’il n’a pas voulu descendre du bus. »
L’ancien international avance également une anecdote jusqu’alors inconnue. Une fois la Coupe du Monde remportée, les joueurs prennent des photos dans les vestiaires avec le précieux trophée. « Et là j’entends Lilian Thuram dire : « allez, les blacks, venez, on fait une photo tous ensemble » » S’il ne relève pas tout de suite cette phrase à première vue anodine, ce n’est pas le cas de Franck Leboeuf qui lui rétorque « Lilian, qu’est-ce que tu dis ? Imagine si nous on avait dit « allez les blancs, on fait une photo tous ensemble », comment tu aurais réagi ? » Comme quoi, la moindre phrase peut être mal interprétée.
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