Affaires Georges Tron et DSK, les liaisons dangereuses

L’affaire Georges Tron, ce secrétaire d’Etat accusé d’agression sexuelle par plusieurs femmes, qui a éclaté il y a une semaine a trouvé une issue rapide : il a été contraint de démissionner du gouvernement hier soir. Dans l’ombre de cette affaire, le « syndrome DSK », désormais craint par les partis politiques.

Alors que l’affaire DSK commence à se tasser, en attendant l’audience du 6 juin, l’UMP a été éclaboussée par une histoire relativement similaire, celle de Georges Tron. Le maire de Draveil (Essonne) et surtout secrétaire général UMP à la Fonction publique est accusé d’agression sexuelle par deux anciennes employées de sa mairie. L’avocat des deux victimes présumées, Me Gilbert Collard, assure également avoir 4 autres témoignages similaires, dont les faits ne sont pas prescrits pour l’une d’elles. Mais ce n’est pas tout, car en fin de semaine dernière on a appris qu’une autre affaire est liée à Georges Tron datant de décembre 2010 : il aurait fait pression pour obtenir le départ d’une commissaire de police de Draveil.

« Tron, c’est Tron ! » Pour le parti majoritaire, mené par Nicolas Sarkozy et François Fillon, le secrétaire d’Etat ne pouvait plus assurer ses fonctions. Le Parisien révèle ainsi que le chef de l’Etat aurait pris cette décision dès jeudi et François Fillon a convoqué Georges Tron à Matignon dès le lendemain matin pour lui faire passer le message. Sauf que l’intéressé ne l’a pas compris, son avocat expliquant samedi que son client n’avait pas l’intention de laisser son poste. Fillon s’étrangle, appelle le secrétaire d’Etat qui deviendra ex-secrétaire d’Etat après l’envoi de sa lettre de démission le soir-même. Il devrait cependant rester – pour l’instant – maire de Draveil. Pourquoi une telle rapidité, une semaine seulement après le dépôt de la plainte, alors que l’accusé assure avoir « assez d’éléments pour prouver » que c’est une « machination orchestrée par le FN » ?

Tout simplement parce que Georges Tron risquait d’entacher sérieusement l’image du parti et, de fait, du Président pour la course à 2012. Toutes proportions gardées l’UMP voulait éviter ce que j’appellerais le « syndrome DSK » – qui risque de plomber la gauche – et surtout, essayer de se forger une « politique de l’exemplarité ». En clair : les scandales Woerth, Alliot-Marie ou autres affaires de mœurs, c’est terminé. Ainsi, un proche de Nicolas Sarkozy cité par Le Parisien estime que « le PS va être empêtré pendant des mois dans l’affaire DSK. Nous on retrouve de l’air, pas question de laisser l’opération reconquête polluée » par l’affaire Tron. Christine Lagarde, engluée dans l’affaire Tapie, sera l’exception qui confirme la règle.

L’affaire DSK a en effet joué le rôle d’un détonateur, d’une prise de conscience pour la classe politique (et les médias), qui ne peut plus laisser passer les scandales comme elle le faisait avant. Surtout à l’approche d’une échéance électorale où rien n’est joué. Ainsi, au grand étonnement de Nicolas Sarkozy, François Hollande a basé sa campagne sur le seul thème du « Président normal ». Et ça marche, puisqu’il distance largement Martine Aubry – qui était clairement dans le camp DSK – ou Ségolène Royal dans les sondages. Il apparait même aujourd’hui comme le seul capable de battre Sarkozy au second tour. CQFD.

Marine Le Pen l’a également bien compris en modernisant et adoucissant l’image du FN – mais sans toucher au fond – pour la rendre plus attractive aux yeux de l’opinion. Comme en témoignent l’expulsion de l’élu d’extrême-droite pris en flagrant délit de salut nazi et la directive distribuée pour le défilé du 1er mai interdisant les crânes rasés et « treillis-rangers ». Tout ça pour pouvoir surfer sur la vague du « tous pourris, sauf moi ». C’était d’ailleurs la première à prendre publiquement la parole pour dénoncer le « comportement de harceleur » de DSK.

Le fait est que c’est l’une des seules des trois gros partis (UMP, PS, FN) qui peut utiliser cet argument (bizarrement, les élus qui s’affichent en nazis n’ont pas d’impact dans les sondages). Par exemple, avez-vous entendu un élu de gauche critiquer la droite à propos de l’affaire Georges Tron ? Non, car il risquerait aujourd’hui de se voir rétorquer quelque chose du style : « parce que l’affaire DSK, c’est mieux, peut-être ? » Les partis politiques vont donc faire très attention à ce qu’aucune affaire, une de plus, ne vienne perturber la campagne présidentielle. La bataille des voix se fera sur ce terrain.


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