Tristane Banon: un dossier impossible ?
La procédure judiciaire de l’affaire Tristane Banon s’est mise en route hier : la journaliste a déposé sa plainte contre Dominique Strauss-Kahn, une plainte « à l’étude » par le parquet de Paris. Une plainte qui pourrait n’avoir que peu de chance d’aboutir.
Le parquet de Paris a reçu hier la plainte de Tristane Banon contre DSK qu’elle accuse de tentative de viol. Désormais, le parquet peut décider de mener une enquête préliminaire, d’ouvrir une information judiciaire ou de classer le dossier sans suite. Aucun délai n’est imposé pour cette décision, donc pour ceux qui espéraient un jugement rapide, ce n’est pas forcément gagné.
Cette plainte pose plusieurs problèmes juridiques, que Le Parisien éclaircissait hier. Ainsi, il va falloir savoir si Tristane Banon a été victime d’agression sexuelle et/ou de tentative de viol. La première concerne uniquement les attouchements, la deuxième correspond à une tentative de pénétration interrompue. Dans le cas d’une tentative de viol, comme l’avance Tristane Banon, le délai de prescription est de 10 ans. Les faits présumés s’étant déroulés en 2003, il n’y aurait donc pas de problème. Mais si la qualification d’agression sexuelle est retenue, ce qui devrait être le cas puisqu’elle n’a jamais parlé de tentative de pénétration, les faits sont prescrits puisque le délai n’est que de trois ans. Classement sans suite du dossier.
Imaginons que l’enquête ait bel et bien lieu, il faudrait que Tristane Banon apporte des preuves. Son avocat, David Koubbi, a déjà assuré qu’il disposait « de témoignages de personnes qui ont récupéré Tristane après les faits et de textos échangés à cette même période. » Mais quelles autres preuves Tristane Banon peut-elle apporter ? Huit ans après les faits présumés, oublions directement les analyses corporelles qui auraient pu déceler des éventuelles blessures. Difficulté supplémentaire, il n’existe aucun témoin des faits présumés. Pourtant, Slate.fr a trouvé sept points que la journaliste peut (doit ?) éclaircir :
- Le premier concerne l’appartement où se serait déroulé l’agression : Tristane Banon sait où il se situe puisqu’elle s’y est rendue en voiture. Quel était cet appartement ? Appartenait-il à DSK ou un de ses amis au moment des faits présumés ?
- Tristane Banon dit avoir utilisé un magnétophone pendant son entretien avec DSK, que ce dernier aurait arrêté avant d’attraper le bras de la jeune femme. Le magnétophone aurait cependant enregistré des morceaux de conversation confirmant les accusations de Tristane Banon et allant à l’encontre de la version de DSK. Où est ce magnéto?
- La journaliste, se rendant en voiture à l’appartement, dit avoir reçu un PV là où elle s’était garée. Peut-on retrouver cette contravention qui permettrait de connaître l’heure des faits ?
- Les autres points concernent l’appel de la jeune femme à sa mère juste après l’agression supposée (sa mère peut-elle attester de cette conversation ?) ; les nombreux SMS que Dominique Strauss-Kahn lui aurait envoyés peu après qu’elle ait quitté l’appartement (les archives téléphoniques font-elle état de tels SMS?) ; ou encore les excuses que DSK aurait adressées à Anne Mansouret, la mère de la jeune femme. Cette dernière assure que l’homme politique lui aurait avoué « Je sais pas ce qui m’a pris, j’ai pété un plomb. » Parole contre parole ?
- Enfin, le dernier point implique François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste à l’époque. Selon Tristane Banon et sa mère, Hollande était au courant et aurait appelé la victime présumée. Selon l’intéressé c’est un outrage, il n’était au courant que de « rumeurs » et n’a jamais appelé l’écrivain. Où est le vrai du faux ?
Vous l’aurez compris, ce dossier s’annonce extrêmement compliqué et, si procès il y a, il s’oriente vers un parole contre parole.
Crédit photo: AFP
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