Mamadou Koulibaly : Il régle ses comptes grâce à Robert Bourgi

Robert Bourgi, soi-disant tenaillé par sa conscience et sa volonté de rupture avec la « Françafrique », a confessé dans le Journal du Dimanche avoir effectué des transferts de fonds clandestins entre certains hauts placés des régimes africains (Côte d’Ivoire, Gabon, Congo-Brazzaville, Burkina-Faso et Sénégal) et l’ex-président Jacques Chirac et son ex-premier ministre Dominique de Villepin, entre 1995 et 2004.

La plupart des hommes politiques africains concernés par l’accusation ont nié… sauf Mamadou Koulibaly, l’ex-numéro deux du régime du président déchu Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Il confirme le versement de près de trois millions d’euros, argent qui était destiné à financer la campagne électorale de l’ex-président Jacques Chirac en 2002.

Les révélations de Robert Bourgi tombent à pic ! Enfin, ça dépend pour qui… Pour Dominique de Villepin, ce n’était pas vraiment le moment : il a révélé jeudi dernier au Grand Journal de Canal + être candidat aux élections présidentielles de 2012. Les accusations portées par Robert Bourgi, à savoir avoir reçu quelques malheureuses malettes de billets de hauts dignitaires africains, ne vont pas améliorer la réputation de Dominique de Villepin, déjà entachée par l’affaire Clearstream (il a été relaxé en janvier 2010).

Et le plus dérangeant, c’est que les déclarations de Mamadou Koulibaly vont dans le sens de l’avocat français : « Robert Bourgi a parfaitement raison, il y a eu un transfert d’argent entre Laurent Gbagbo (2000-2011) et Jacques Chirac, en 2002 [… ] d’environ deux milliards de FCFA (environ trois millions d’euros) transportés d’Abidjan vers Paris par valise. […] J’ai dit au président [Laurent Gbagbo] que nous étions un pays pauvre et que nous n’avions pas d’argent à financer des élections d’hommes politiques de pays riches. » Il a aussi ajouté avoir « rencontré Robert Bourgi à la table de Gbagbo en 2002, venu solliciter de l’aide en vue d’un financement de la campagne présidentielle en France. » Alors que Mamadou Koulibaly montrait des réticences, Robert Bourgi lui aurait dit : « Monsieur, vous êtes jeune, quand on veut faire de la politique, on est généreux. »

Face à aux accusations de Robert Bourgi, Dominique de Villepin a réagi sur France 3, soulignant que ces « allégations [sont] mensongères et indignes« . Jacques Chirac, quant à lui, a fait savoir par ses avocats qu’il portait plainte contre Robert Bourgi pour diffamation. Diffamation ? Et qu’en sait -il ? N’est-il pas atteint d’anosognosie ?

Interrogée par l’AFP, une source anonyme proche de l’ancien président ivoirien a déclaré être sidérée par les réactions en France face aux révélations de Robert Bourgi. Il confiait que « cela devait éclater un jour ou l’autre. Nous nous étonnons juste que ce ne soit que maintenant que l’opinion publique française semble découvrir tout ça. Et on s’étonne aussi que cela s’arrête à Dominique de Villepin. »
Mamadou Koulibaly est actuellement le président de l’Assemblée nationale. En juillet, il avait quitté le FPI (Front populaire ivoirien), ancien parti du président déchu Laurent Gbagbo, pour créer son propre parti, le Liber (liberté et démocratie pour la République). Selon lui, les membres du FPI veulent rester fidèles à l’ancien président et ne souhaitent pas le changement. Mamadou Koulibaly entend désormais faire vivre une « opposition forte » au « pouvoir présidentialiste absolu » du nouveau chef de l’Etat Alassane Ouattara.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés