Explosion à Marcoule : A quand la fin du nucléaire ?
Lundi, à 11h45, une explosion est survenue dans un four du centre de traitement des déchets faiblement radioactifs de Marcoule, faisant un mort et quatre blessés.
Situé sur les bords du Rhône, le site de Marcoule n’est pas une centrale nucléraire. Il s’agit du centre de l’industrie de traitement des déchets radioactifs. Maryse Arditi, pilote du réseau risques industriels à France Nature Environnement (FNE) expliquait que Marcoule « regroupe plusieurs activités, sur différentes communes, qui travaillent toutes au traitement et à la réduction des déchets. […] L’accident s’est produit dans l’usine Centraco, gérée par une filiale d’EDF, Socodei, sur la commune de Codolet. Elle a été ouverte il y a une dizaine d’années. »
L’origine de l’explosion est pour le moment inconnu. Selon Thierry Charles, directeur de la sûreté à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) joint par Le Monde, « Il peut aussi s’agir d’une fuite d’eau qui a réagi avec le métal en fusion, ou bien d’un déchet contenu dans le métal qui aurait provoqué une réaction. » Mais selon une source gouvernementale, « il semblerait y avoir eu une erreur humaine ».
Un déflagration a eu lieu dans le four, mis en service en 1999, utiliser pour diminuer le volume des déchets radioactifs de faible et très faible activité pour ensuite les conditionner. Deux types de déchets sont traités par le four : incinération des déchets textiles (comme des gants, des combinaisons, ou encore des masques) ou fusion des métaux (vannes, pompes, outils, etc.). Au moment de l’explosion, le four contenait alors 4 tonnes de métaux, dont la radioactivité était de 67 000 becquerels, soit moins de 17 becquerels par kilogramme. Pour Thierry Charles, « c’est une activité radioactive très faible, incomparable avec celle d’un réacteur nucléaire. »
L’explosion a déclenché un feu dans le local contenant le four, mais l’incendie a été rapidement maitrisé. Seul le local qui contenait le four a été touché selon le directeur de l’IRNS : « Le four se trouve dans un local, lui-même contenu dans un bâtiment. Le local a été affecté, mais le bâtiment a gardé son intégrité. Il n’y a donc pas de rejets radioactifs à l’extérieur du bâtiment ».
Le plan d’urgence déclenché a rapidement été désamorcé, puisque l’Autorité de sûreté nucléaire n’a détectée aucune les six balises installées dans la vallée du Rhône. Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé des informations à la France concernant l’explosion, afin de suivre la situation.
Greenpeace a demandé aux autorités une transparence totale et immédiate sur cet accident. Yannick Rousselet, le chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France, annonçait hier « qu’il est indispensable que les populations locales soient informées en temps réel sur la situation et sur les éventuels rejets radioactifs. »
Six mois après l’accident nucléaire de Fukushima causé par un séisme, le nucléaire redevient un sujet de débat. Surtout à l’approche des présidentielles…
Contrairement à ce qui est parfois dit, le nucléaire n’est pas une énergie propre, bien au contraire ! Et elle ne peut être une réponse à la crise énergétique à laquelle nous allons devoir faire face.
En France, presque 80 % de l’électricité est produit par le nucléaire, et 17 % de l’énergie est d’origine nucléaire (l’électricité et l’énergie sont deux choses bien distinctes). Face à la crise énergétique et climatique qui s’annonce, augmenter le parc nucléaire n’est pas une bonne solution, puisque cela ne réduirait que de très peu les émissions à effets de serre sans pour autant produire beaucoup plus d’énergie.
Le nucléaire produit aussi énormément de déchets radioactifs, que pour le moment personne n’est capable de « recycler ». La radioactivité étant nocive pour l’environnement et les êtres humains (sauf si vous désirez que vos enfants marchent sur trois jambes), il est plus qu’important de trouver de nouvelles solutions de production d’énergie un peu plus vertes afin de dé-nucléariser notre pays.
N’oublions pas que le nucléaire est aussi un gouffre financier… Et donc pas idéal en temps de crise !
Martine Aubry évoquait lundi matin à Clermont-Ferrand (avant l’explosion à Marcoule), la nécessité de sortir du nucléaire. Dans sa valise de projets, la création de 300 000 emplois d’avenir, dont un quart serait des emplois destinés au « verdissemenet de l’économie. » Dans son discours à Clermont-Ferrand, elle soutient que 7 000 emplois pourraient être créés dès la première année d’investiture pour estimer le bilan thermique de chaque logement en France. Elle a d’ailleurs insisté sur la nécessité de sortir du nucléaire et de développer les énergies alternatives, comme l’éolienne ou le photovoltaïque.
Ce discours tombait à pic puisque quelques dizaines de minutes plus tard, le site de Marcoule devait faire face à l’explosion du four de traitement de déchets nucléaires.
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