Omar Bongo : Robert Bourgi vengerait-il « papa » avec ces révélations ?

Le 11 septembre, Robert Bourgi a révélé dans le Journal du Dimanche que plusieurs personnes politiques françaises comme Jacques Chirac, son ex-bras droit Dominique de Villepin et Alain Juppé ont reçu des fonds occultes de dirigeants africains. Depuis, la liste s’allonge et Jean-Marie Le Pen a rejoint le banc des accusés.

Mais pourquoi de telles révélations maintenant ? Rober Bourgi, avocat et héritier spirituel de Jacques Foccart dans les affaires de la Françafrique, avait évoqué le poids de ces mallettes sur sa conscience et sa volonté d’assainir les relations entre la France et l’Afrique. « Je veux une France propre, une France de la rupture, une France dont le général de Gaulle serait fier », expliquait-il.

Suite à ces révélations, la justice française a ouvert le 13 septembre une enquête préliminaire pour tenter de faire la lumière sur cette affaire d’État.

Robert Bourgi aime appeler Omar Bongo « papa ». Il a confié avoir fait ses révélations en l’honneur du défunt président gabonais. « Cela me taraudait depuis la mort de papa, en juin 2009. […] Il sait que j’ai fait cela pour venger sa mémoire. » « Les temps ont changé, il fallait que je me débarrasse de ce fardeau. […] Sassou Nguesso, Obiang Nguema et, Dieu ait son âme, papa, ils doivent savoir et comprendre que j’ai réglé les comptes pour eux  : ils ont été si généreux envers Chirac et Villepin et ils ont été si mal payés en retour  ! N’oubliez pas que l’affaire des « biens mal acquis » a commencé alors qu’ils étaient encore au pouvoir. Ils n’ont rien fait pour l’arrêter« , ajoutait-il lors d’un interview.

Mais ce n’est pas seulement en l’honneur de « papa » que Bourgi a fait ses révélations. Et encore moins pour « une France propre« , pas quand on a était l’intermédiaire une bonne partie de sa vie. D’après Jeune Afrique, Robert Bourgi jouerait là un coup de poker : il redoutait d’être largué par Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, comme il l’avait été par Dominique de Villepin. Sur tout qui depuis février, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a écarté l’avocat franco-libanais des affaires avec l’Afrique.

Interrogée par Jeune Afrique, une source aurait déclaré que « Depuis son retour au Quai d’Orsay en février dernier, Alain Juppé a établi autour de Bourgi une sorte de cordon sanitaire absolument étanche. Il l’a privé d’Afrique et donc des affaires qui vont avec. Guéant a quitté l’Élysée pour la Place Beauvau et le président ne veut rien refuser à Juppé, d’autant que ce dernier a déjà dû avaler la couleuvre Bernard Henri-Lévy. Bourgi s’est retrouvé en apnée. […] N’oubliez pas que l’Afrique n’a jamais été la tasse de thé du patron ; et puis, quand on a comme ami l’émir du Qatar, les chefs africains, on peut s’en passer. »

En mai, Alain Juppé avait lui même retiré Robert Bourgi de la liste des invités à la cérémonie d’investiture à Yamoussoukro du président ivoirien, Alassane Ouattara. D’après un proche du chef de l’Etat ivoirien, «ce dernier [Alassane Ouattara] était prêt à le recevoir, à la demande de Claude Guéant, mais Juppé a mis son veto». Pour Robert Bourgi, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’humiliation de trop.

Et Robert Bourgi n’a pas attendu pour laver son linge sale en public : lors du JDD du 11 septembre, il révèle qu’il avait faire l’intermédiaire entre des personnes politiques françaises (Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Alain Juppé) et des hauts fonctionnaires africains. Ces derniers donnaient de l’argent, beaucoup d’argent même, aux politiciens français, et en échange la France fermait les yeux sur certains pratiques en Afrique.

Selon les révélations de Bourgi, Omar Bongo, président défunt du Gabon, a payé «entre 1981 et 1992» le loyer du Club 89, dirigé alors par Juppé et installé sur la prestigieuse avenue Montaigne, à Paris. Il ajoute d’ailleurs que «les espèces du président gabonais ont fait vivre les permanents pendant des années.»

Aussi, Robert Bourgi accuse aussi Jacqus Chirac et Dominique de Villepin d’avoir bénéficié de financements occultes de la part d’Omar Bongo Ondimba (Gabon), d’Abdoulaye et de Karim Wade (Sénégal), de Blaise Compaoré (Burkina Faso), de Laurent Gbagbo (Cote d’Ivoire), de Denis Sassou Nguesso (Congo) et de Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale). Au total, Chirac et Villepin auraient reçu 20 millions de dollars entre 1995 et 2007.

Le 12 septembre sur BFMTV, Jean-Marine Le Pen avait aussi été mis en cause par Bourgi : « les Français vont découvrir aujourd’hui que M. Jean-Marie Le Pen, avec le discours xénophobe et raciste qu’est le sien, a fait le détour de Libreville et d’Abidjan, avant les élections présidentielles de 88. […] Et je le dis aujourd’hui, je n’aime pas faire parler les morts : Monsieur Jean-Marie Le Pen a été reçu par le président Bongo, et le Président Bongo a financé la campagne électorale de Monsieur Jean-Marie Le Pen en 88.« 

Et si Robert Bourdi tombe, autant que ses amis le suivent…

 


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