Carrière: Débuter dans la podologie

Se retrouver sur le marché du travail réserve toujours bon nombre de surprises. La fin des études et du monde universitaire, forcément plus cool, le début des problèmes administratifs, la découverte des impôts, des assurances, etc… Bref, lancer sa carrière professionnelle n’est pas de tout repos. Aujourd’hui, PlanèteCampus est parti à la rencontre d’une podologue, Caroline Hocquet, tout juste sortie de l’école. Cette ancienne étudiante analyse, avec recul, les difficultés qu’elle n’avait pas prévues, les forces  ainsi que les faiblesses d’une formation peu axée sur les obligations administratives de ce métier.

PlanèteCampus: Quel a été ton parcours avant d’arriver en podologie?

Caroline Hocquet: J’ai effectué mon collège et mon lycée à la légion d’honneur. J’ai obtenu un Bac S et me suis ensuite dirigée vers la médecine. Après une première année ratée, j’étais encore dans les choux lors de mon redoublement. J’ai donc cherché une autre voie.

Comment es-tu arrivée à la podologie?

En fait, c’est un peu par hasard. J’habitais dans un foyer et dans la même rue, se trouvait une école de podologie. J’y suis allée pour voir, j’ai rencontré la directrice qui m’a raconté son parcours. Ca m’a intéressée et je me suis donc inscrite au concours pour la semaine d’après. J’ai été prise mais c’est vrai que j’ai eu un peu de chance vu que je n’y aurai certainement pas pensé si l’école n’avait pas été au bout de ma rue!

Et ensuite, les études de podologie se déroulent de quelle manière?

C’est une école qui se passe en trois ans. Globalement, je trouve que ce fut trois années plutôt agréables. La première fut certainement la plus difficile car il y a beaucoup de choses à assimiler. Surtout que la podologie n’était pas vraiment une vocation personnelle, j’ai donc découvert beaucoup de choses. Ensuite, les deux années suivantes se sont très bien déroulées même si la dernière est de loin la plus stressante avec toutes les épreuves du diplôme d’état (DE) à préparer.

« Pas plus de cinq patients par semaine »

Tu es donc diplômée maintenant, comment ça se passe pour débuter en tant que podologue?

J’ai été diplômée en juin et je me suis gardée le mois de juillet pour prendre des vacances. Ensuite, j’ai un peu galéré, j’ai même failli abandonner et opter pour n’importe quel job afin de rembourser mon prêt (les trois années d’école coutent environ 30 000€). Mais finalement, j’ai eu un peu de chance puisque par des connaissances j’ai rencontré un podologue qui cherchait une remplaçante pour l’un de ses cabinets pendant les vacances. Ces remplacements ont depuis débouché sur une collaboration.

Tu as donc en charge un cabinet, cela suffit-il pour vivre?

Pour l’instant, non. J’en suis même très loin. En général, un podologue reçoit une douzaine de patients par jour. Moi pour le moment, je n’en reçois pas plus de cinq par semaine. Financièrement, je ne peux pas encore en vivre.

« Les professeurs nous ont vraiment fait miroiter un début de carrière beaucoup plus simple »

Quelle solution as-tu trouvé pour palier à ce manque de revenus?

Encore une fois, j’ai eu un peu de chance. Grâce à un contact, j’ai appris qu’un local pour m’installer à mon compte était accessible. Je n’étais pas forcément motivée pour me lancer immédiatement mais l’occasion s’est présentée. J’ai donc un peu hésité mais finalement, je me suis lancée. Maintenant, je ne suis pas vraiment un exemple classique car j’ai la chance d’avoir des grands-parents qui peuvent m’aider financièrement. Pour ouvrir un cabinet, l’investissement est de 30 000€. En plus de rembourser le prêt pour les études ainsi que le loyer pour le cabinet, c’est impossible de s’installer sans une aide extérieure.

Et ça commence bien?

Pour l’instant, il est à peine ouvert. Mais comme il s’agit d’une création, je n’ai aucun patient au départ. Il faut donc que je démarche les médecins aux alentours, aller dans les hôpitaux pour me faire connaître et présenter mes services. C’est assez long. En moyenne, il faut trois ans pour réussir à bien lancer son cabinet.

Si les débuts professionnels sont si difficiles, faut-il en déduire que l’école ne t’a pas bien préparée à ce qui t’attendait?

Je ne dirai pas ça. Mon école m’a très bien formée en tant que podologue. Au niveau de la gestion d’un patient, de la pratique des soins, je n’ai rencontré aucun problème depuis que je me suis lancée. Un peu de stress bien sûr mais, au final, je me suis rendue compte que j’assurais très correctement.

« Enormément de démarches à effectuer »

Au niveau pratique, tu as donc été bien formée. Comment expliques-tu alors les difficultés rencontrées pour te lancer?

A l’école, les professeurs nous ont vraiment fait miroiter un début de carrière beaucoup plus simple. Une fois le diplôme en poche, on s’aperçoit qu’on est seul, lâché dans la nature sans trop savoir vers où aller. L’école n’assure aucun suivi, c’est un peu « chacun pour sa gueule! » J’ai l’impression de découvrir le vrai monde de la podologie qui est très individualiste. Il n’y a aucune aide pour se lancer et trouver des remplacements n’est vraiment pas chose aisée.

Ressens-tu aujourd’hui un certain manque dans ta formation?

Dans la gestion d’un cabinet, c’est certain ! On a eu des cours sur la gestion, les impôts et toutes les choses administratives à régler, mais seulement en dernière année. Ca arrive trop tard surtout que c’est l’année du diplôme où l’on se concentre sur les matières les plus importantes. Comme c’est une profession libérale, il y a pourtant énormément de démarches à effectuer, beaucoup de détails à gérer pour être en règle. C’est très compliqué et j’ai très vite été débordée par cet aspect de la profession dont je ne soupçonnais pas l’importance. Au final, je m’aperçois que l’administratif me prend vraiment plus de temps que les patients!

Tu es la seule à avoir rencontré ce genre de difficultés au sein de ta promo?

Non, loin de là. Je répète, je ne pense pas être un exemple classique. J’ai beaucoup de chance d’avoir une famille qui a pu me sponsoriser (rires). Je dirai qu’actuellement 80% de ma promo (diplômée en juin dernier) n’a encore pas trouvé de place dans la podologie. D’ailleurs, d’après certains chiffres, seule la moitié d’une promo travaille dans la podologie cinq ans après l’obtention du diplôme.


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