Palestine à l’Unesco : Une provocation pour Israël ?
L’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en tant qu’Etat membre est-elle une provocation envers Israël ? La réaction de l’Etat hébreu a en tout cas été très rapide puisque le premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé hier qu’Israël construira où bon lui semble à Jérusalem, sa « capitale éternelle », y compris dans la partie orientale annexée de la Ville sainte où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur Etat.
Provocation ou pas, la décision de l’UNESCO n’a pas seulement irrité Israël. Les Etats-Unis ont en effet décidé de suspendre leur contribution à l’agence Onusienne après l’admission de la Palestine. La directrice a immédiatement réagi : « Les Etats-Unis sont un partenaire essentiel de l’UNESCO. La suspension des versements américains et des autres contributions financières – qui résulte d’une loi américaine – affaiblira l’efficacité de l’UNESCO et mettra à mal sa capacité à construire des sociétés libres et ouvertes », a dit Mme Bokova dans une déclaration.
Les relations se sont donc tendues entre les Etats-Unis et l’UNESCO, mais également entre le gouvernement américain et Israël, dont la décision de reprendre la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie a été très mal reçue. « Nous sommes très déçus par l’annonce faite hier d’une accélération de la construction de logements à Jérusalem et en Cisjordanie », a déclaré devant la presse le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney. « Nous nous opposons à toute mesure prise l’une ou l’autre des parties tendant à compliquer plutôt qu’à faciliter des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis n’ont pas été les seuls à dénoncer la décision d’Israël, qui a également annoncé dans la foulée des sanctions économiques, avec le gel des transferts des taxes récoltées au nom de l’Autorité palestinienne (d’un total de plus de 50 millions de dollars par mois). « Nous appelons le gouvernement israélien à s’abstenir de mettre en œuvre ce projet et, de façon plus générale, à mettre un terme à la colonisation », a déclaré le Quai d’Orsay. Le gouvernement allemand a appelé Israël à « cesser sans retard toutes ses activités de colonisation », qui sont « contraires au droit des peuples« , et a qualifié d’« inquiétante » l’annonce israélienne. Londres de son côté s’inquiète d’un « coup grave aux efforts du Quartette [Etats-Unis, ONU, Union européenne et Russie] pour redémarrer les négociations de paix » et dénonce des « provocations », par l’intermédiaire du ministre des affaires étrangères britannique William Hague. Au Proche-Orient, la Jordanie a vu dans « cette escalade israélienne (…) un coup porté aux efforts internationaux pour la paix ». Amman, qui a signé en 1994 un traité de paix avec l’Etat hébreu, « exige qu’Israël mette fin à ses provocations et actions illégales et prenne des mesures concrètes en vue de rouvrir les négociations de paix avec les Palestiniens ».
Israël, par ses décisions très critiquées, tend à s’éloigner de plus en plus de la scène internationale, et s’exclut progressivement du monde arabe qui préfère soutenir la Palestine. Le conflit israélo-palestinien est plus que jamais au bord de l’explosion et ce dossier sensible n’a vraisemblablement pas été géré de la meilleure façon par le gouvernement de l’Etat hébreu.
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