Civitas : des intégristes catholiques un peu trop extrêmes?
A Toulouse, la pièce de théâtre « Golgota Picnic » déchaîne les passions. Du metteur en scène argentin Rodrigo Garcia, la pièce est jouée du 16 au 20 novembre au Théâtre Garonne avant de rejoindre Paris. Le spectacle a attiré les foudres d’associations catholiques qui exigent sa déprogrammation. En cause ? La vision très personnelle de l’auteur, qui met en scène les Écritures à travers une critique radicale de la société de consommation. Des images chocs qui suscitent l’indignation de l’association Civitas, jugeant des scènes blasphématoires. Cette controverse a t-elle lieu d’être?
Cette création mettant en scène une crucifixion est jugée « blasphématoire » par l’Institut Civitas. Le groupe traditionaliste, qui combat la « christianophobie », a appelé, pour chaque soir de représentation, à un « rosaire médité » ou à un « Chemin de croix » à 19h30 devant le théâtre. Une « grande manifestation nationale contre la christianophobie » est par ailleurs prévue samedi à Toulouse. Sur le site internet de l’institut Civitas, on peut lire : « Golgota Picnic est un ignoble mélange de blasphèmes et de perversion. Certaines scènes sont à la limite de la pornographie et nous nous étonnons que rien ne soit fait pour en interdire l’accès aux enfants. Le metteur en scène Rodrigo Garcia prétend revisiter les Saintes Ecritures et parle d’approche « absolument impudique » destinée à présenter l’iconographie chrétienne comme l’image de « la terreur et de la barbarie ».
Des images chocs, tels des anges se roulant dans des hamburgers, ou Jésus , crucifié, des billets de banques giclant de ses plaies provoquent toute cette polémique. « Traiter le Christ en Croix de fou, de chien de pyromane de messie du sida et de putain de diable, en faire l’égal d’un terroriste, tout cela dépasse de très loin la mesure de ce qu’un chrétien peut entendre sans éprouver le sentiment d’une agression très vive », écrit ainsi Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Mais le problème, c’est que personne parmi tous ces intégristes catholiques n’a vu la pièce.
Tout en s’interrogeant sur la « liberté d’expression d’un artiste qui n’est pas sans limite », l’archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, a souhaité dans un communiqué « mettre en garde contre toutes les manipulations politiques et intégristes qui sous-tendent ces manifestations ». « Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons (…) Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l’Eglise ».
Tout en dénonçant les « pressions et les menaces » qu’il subit depuis plusieurs semaines, le Théâtre Garonne « revendique pleinement les raisons artistiques qui l’ont amené à programmer le spectacle de Rodrigo Garcia » et ajoute que « Golgota Picnic » a été présenté pendant cinq semaines au Centre dramatique national de Madrid, et dans plusieurs villes européennes, sans aucun incident. D’ailleurs, le tribunal administratif de Toulouse n’a pas répondu à demande de l’Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne (Agrif), qui souhaitait interdire la pièce de Rodrigo Garcia au nom de l’ordre public. L’auteur estime que, « Cette rage qui transparaît dans mes pièces vient du fait que je suis né en Argentine pendant la dictature et que j’ai vécu ce choc pendant les vingt premières années de ma vie. Je trouve sain de voir les gens prendre position et dire on n’aime pas même si ce que je montre n’est qu’un reflet de ce que nous avons tous les jours devant les yeux mais que personne n’a pas envie de voir ».
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