Nicolas Sarkozy a clairement critiqué l’accord conclu entre le PS et les Verts, qui veulent réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité en France d’ici 2025. Le président de la République a affirmé qu’il ne laisserait pas « brader cet avantage pour la France » ce jeudi, lors de la réunion du Fonds stratégique d’investissement (FSI) réunissant le milieu financier et industriel français.
Pendant son discours à l’Elysée, il a tenu à rappeler que la France n’abandonnera pas son indépendance énergétique : « Je ne laisserai pas remettre en cause ce qui est un atout exceptionnel et je ne laisserai pas dilapider l’héritage industriel et énergétique bâti ces dernières années » a assuré le chef de l’Etat. « Les industriels paient leur énergie 40% moins cher que les autres pays européens, grâce à cette filière industrielle du nucléaire, toutes les familles politiques françaises ont porté cet effort national sans précédent qui a permis à la France d’être au premier rang, je ne laisserai pas brader cet avantage en France, ce serait irresponsable », a-t-il insisté.
« C’est une affaire solennelle », a répété Nicolas Sarkozy. « Abandonner cette énergie, réduire autoritairement sa part dans notre mix énergétique, sans disposer de solution de substitution présentant les mêmes caractéristiques, cela signifie des dommages considérables à l’industrie française. Le prix de l’électricité est l’un des rares avantages concurrentiels par rapport à nos partenaires ». L’accord conclu mardi par le PS et EELV prévoit « la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables » en raison de leur âge ou de leur localisation en zone sismique ou inondable.
Selon l’accord conclu entre le PS et les Verts, la part du nucléaire dans la production électrique française doit ainsi passer de 75% aujourd’hui à 50% en 2025. Mais les ministres et plusieurs représentants de la majorité critiquent cet accord, accusant le PS de troquer la fermeture de centrales nucléaires contre des circonscriptions. En effet, tout au long de son mandat Nicolas Sarkozy s’est posé en fervent défenseur de la filière nucléaire en France, qui « lui offre une électricité compétitive, non émettrice de CO2, non dépendante des ressources en énergie fossile ». Ce n’est donc pas maintenant, à l’approche de l’échéance présidentielle, qu’il va retourner sa veste. Mais à long terme, les centrales vieillissantes nécessitent un investissement considérable, et même si elles sont « sûres », le risque zéro n’existe pas. Serait-ce le temps d’investir dans les énergies renouvelables et de créer des emplois dans un secteur énergétique propre?
D’ailleurs, l’Institut de radioprotection et sûreté nationale nucléaire (IRSN), vient de rendre son rapport sur les centrales françaises, tirant un bilan des évaluations faites sur l’état de la filière nucléaire en France après l’accident de Fukushima. Dans son rapport de 500 pages, l’Institut affirme que : »l’accident de Fukushima, mais également les évaluations complémentaires de sûreté, mettent en évidence la nécessité de faire évoluer sans tarder certains référentiels de sûreté des installations ». Certains « écarts » de conformité relevés ne constituent « pas de défauts majeurs » pour les installations concernées mais les fragiliseraient si « un accident grave survenait » a expliqué le Directeur de l’IRSN. Trois centrales sont ainsi mises en garde : à Gravelines (Nord), à Saint Alban (Isère) et à Tricastin (Drôme).