Nucléaire: à quel jeu Greenpeace joue t’il ?

L’association est connue pour ses actions spectaculaires et pacifistes pour défendre des causes environnementales. Et cette fois-ci, les militants de Greenpeace ont bien réussi leur coup. Ils se sont introduits lundi dans deux centrales nucléaires, et ont même réussi à monter dans le dôme de la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube). Cette action visait à illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires. 

« L’opération est terminée. Le but est atteint. On a prouvé en quatorze heures que les installations nucléaires françaises étaient vulnérables à une intrusion humaine », a indiqué lundi à l’AFP un porte-parole de Greenpeace après 22H00, annonçant que l’organisation n’avait plus de militants dans des installations nucléaires.

Lundi matin, ce sont neuf autres activistes de l’organisation qui ont été arrêtés pour une intrusion sur le site de Nogent-sur-Seine. Selon Greenpeace, ses membres ont « réussi à grimper sur le dôme de l’un des réacteurs » de Nogent-sur-Seine lundi matin, où ils ont déployé une banderole « Le nucléaire sûr n’existe pas ». Ils sont restés sur le site sans être inquiétés de 6h à 11h30.

Déclenchée lundi matin après l’intrusion de Nogent-sur-Seine, une « fouille approfondie » de tous les sites nucléaires de l’Hexagone a été menée pendant toute la journée et dans la soirée. « C’est assez irresponsable de prendre des risques avec sa vie et avec la vie des autres », a plaidé le président Nicolas Sarkozy. Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a concédé que l’opération menée par Greenpeace « révèle des défaillances dans notre dispositif » de sécurité, estimant que « toutes les leçons doivent en être tirées pour que ce dispositif soit encore plus étanche qu’il ne l’est aujourd’hui ». Le coup d’éclat de Greenpeace est donc plutôt réussi, à l’heure où Nicolas Sarkozy a assuré vouloir préserver les installations nucléaires françaises.

Pour autant, EDF a préféré minimiser l’impact de cette intrusion. L’entreprise a indiqué lundi soir avoir lancé une enquête à la centrale nucléaire de Cruas pour « comprendre les circonstances qui ont permis » aux deux militants de Greenpeace d’y pénétrer. A Nogent-sur-Seine, EDF assure que les militants qui sont entrés dans la centrale « ont été immédiatement détectés par le dispositif de sécurité ». « Leur cheminement a été suivi en permanence sur le site, sans qu’il soit décidé de faire usage de la force », a précisé le groupe. Mais pourquoi EDF n’a pas employé les moyens adéquats alors qu’une intrusion était signalée sur un site nucléaire? Le directeur du site de Nogent a estimé qu’il n’y avait eu « aucun dysfonctionnement » dans la réaction, « proportionnée au degré de danger ». « On avait repéré que c’était des militants de Greenpeace, pacifistes », a expliqué Hervé Maillart, soulignant que les militants « sont toujours restés en dehors de la partie industrielle de l’installation » et « à l’extérieur des bâtiments ».

Les politiques exigent des explications. Un « débriefing précis » devra être effectué « pour que le dispositif soit durci et que de telles intrusions ne puissent plus se produire », a dit le ministre Claude Guéant. Et le ministre de l’Industrie, Eric Besson, a « demandé à ses services une enquête approfondie sur l’intrusion », ajoutant que cela signifie qu’il y a eu des « dysfonctionnements ».

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