Obama: 30 000 hommes, est-ce un coup fin ?
Barack Obama vient d’annoncer l’envoi de 30 000 hommes supplémentaires en Afghanistan. Le président américain souhaite « finir le boulot. » Mais est-ce vraiment la meilleure solution ?
Barack Obama n’est pas magicien. Il ne peut à lui seul régler toutes les erreurs commises par son prédécesseur. Le conflit afghan étant l’un des chefs-d’oeuvre de la non-administration Bush, il était clair que le mandat du nouveau pensionnaire de la Maison Blanche allait souffrir de ce bourbier. L’Amérique, très fière à l’époque d’aller imposer sa bannière en Moyen-Orient, a depuis longtemps changé d’avis. Cette guerre est trop meurtrière et surtout elle ne finit pas. Forcément, le pays aux 50 Etats a un passif qui n’est pas sans rappeler la situation actuelle des GI’s: le Vietnam. Autre époque, autres motivations mais même constat. En refusant de baisser pavillon, Barack Obama semble malheureusement prêt à répéter des erreurs identiques. Du coup, il a décidé d’envoyer 30 000 hommes supplémentaires, pour un total de 100 000 soldats US sur place, aidés de 42 000 hommes des autres nations alliées. Un pari plus que risqué.
100 000 GI sur place
L’Afghanistan reste un pays très particulier, avec un territoire immense, beaucoup de montagnes, des coins très hostiles et surtout inconnus des soldats américains. Surtout, aucune armée n’a jamais réussi à sortir vainqueur d’Afghanistan. Ni les Britanniques au milieu du 19e siècle, ni les soviétiques dans les années 80. C’est un fait mais après déjà huit ans de conflit, Barack Obama est dans une position des plus délicates. Si ce n’est pas lui qui a souhaité cette guerre, il se l’est aujourd’hui appropriée. C’est bien le gouvernement Bush qui – en dévastant l’Irak et les alentours – a permis la recrudescence du mouvement taliban depuis 2006. Mais voilà, Obama ne peut se résoudre à finir cette guerre. Il a choisi d’assumer cet héritage car laisser les responsables des attentats du 11 septembre dans la position des vainqueurs serait sûrement insupportable pour le peuple américain. N’empêche, l’envoi massif de troupes n’a jamais rien résolu. Surtout que Obama a peut-être fait preuve d’un excès de confiance en annonçant dans le même temps le calendrier de retrait des hommes, prévu courant 2011. Prévoir la fin d’un conflit, surtout comme celui-ci, a tout de la prémonition aléatoire. Car finir la guerre, ça veut dire quoi au juste ? Laisser le pays à feu et à sang, en proie aux Talibans ? Certainement pas.
De nombreux défis à relever en deux ans
« Finir le boulot », c’est faire en deux ans ce que Bush fut incapable de réaliser en huit. Il s’agira avant tout pour les Etats-Unis de stabiliser le pays. La population ne peut plus vivre dans la peur au quotidien, ne doit plus craindre de sortir de chez elle. L’Afghanistan doit se munir d’une police et d’une armée crédibles et respectées. Ensuite, le deuxième grand défi serait de parvenir à s’entendre avec le gouvernement afghan. Pour cela, les doutes de fraudes et de corruptions doivent être levés. Ce qui est très loin d’être le cas puisque Barack Obama a rappelé hier soir, que les USA reconnaissaient l’élection de Hamid Karzaï comme truquée et corrompue. La dernière chose à régler n’est pas des moindres puisqu’il s’agira de contrôler autant que possible le mouvement taliban. Depuis trois ans, les extrémistes n’ont cessé de progresser et enrôlent de plus en plus de monde dans leur idéologie et leurs actions terroristes. En huit ans, les Etats-Unis n’ont fait qu’assister à l’enlisement de la situation. Un constat qui pousse aujourd’hui Barack Obama a lancer 30 000 hommes supplémentaires au combat. Certains diront qu’il s’entête et qu’il refuse la défaite. D’autres qu’il n’a pas vraiment le choix pour sortir son pays de ce bourbier. D’autres encore parleront sûrement d’une tentative un brin désespérée. En tout cas, le prix Nobel de la paix 2009 a fait son choix: Les Etats-Unis n’ont jamais été aussi présents en Afghanistan.
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