Turquie : Elle accuse la France de génocide en Algérie

Vendredi matin, le Premier ministre turc a accusé la France d’avoir commis un génocide en Algérie. Ces accusations sont une réponse à la proposition de loi sur la négation des génocides, adoptée jeudi par l’Assemblée nationale. La Turquie est directement visée par ce texte, puisqu’elle ne reconnait pas avoir commis de génocide en 1915 contre les Arméniens.

Lors d’une conférence de presse à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, a annoncé qu’une série de mesures de rétorsion serait mise en place contre la France. « Cela va ouvrir des plaies irréparables et très graves dans les relations bilatérales »et relève d’« une politique fondée sur le racisme, la discrimination et la xénophobie ». a-t-il prévenu, avant de déclarer : « Nous révisons nos relations avec la France ».

Ankara a d’ores et déjà rappelé l’ambassadeur de Turquie en France et suspendu toutes visites bilatérales. Il a aussi indiqué que « les exercices militaires conjoints avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays ont été annulés ». Aussi, il a annoncé que d’autres mesures pourraient être mises en place.

Recep Tayyip Erdogan a aussi accusé la France d’avoir commis « génocide » en Algérie. « On estime que 15 % de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s’agit d’un génocide » a-t-il déclaré. Il s’en est ensuite pris au passé de Paul Sarkozy, le père du Président de la République :  « Si le président français M. Sarkozy ne sait pas qu’il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy (…) qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940« . Le Premier ministre est même allé jusqu’à sous entendre son implication : « Je suis sûr qu’il a beaucoup de choses à dire à son fils sur les massacres commis par les Français en Algérie« .

Il s’est ensuite directement attaqué Nicolas Sarkozy, en l’accusant de vouloir chercher « des voix en attisant islamophobie et turcophobie« , et de jouer « la haine du musulman et du Turc« .

En France, Alain Juppé a jugé la réaction des turcs disproportionnée. « Ce que je souhaite, c’est que nos amis turcs ne surréagissent pas », s’est insurgé le ministre des affaires étrangères.

Le texte de loi déposé par la députée UMP Valérie Boyer visait au départ seulement la négation du génocide arménien, mais a été élargi pour être appliqué à toute négation d’un génocide reconnus par la loi, et prévoit de punir d’un an d’emprisonnement, d’une amende de 45 000 € ou les deux à la fois.

De son côté, Edouard Nalbandian, ministre des affaires étrangères arménien, a salué ce texte. Il a voulu « une fois de plus, exprimer [s]a gratitude aux plus hautes autorités de la France, à l’Assemblée nationale et au peuple français ».

 


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