ITV Hugo Boris, « Je n’ai pas dansé depuis longtemps »
Pour son troisième roman, Hugo Boris a chois l’espace, le cosmos. Cet univers inconnu, si lointain et si intriguant. L’on y suit Ivan, le premier homme à rester plus de quatre cents jours en orbite autour de la Terre. La tête dans les étoiles, l’auteur réfléchit surtout sur l’homme loin de tout repère connu. Isolé du monde réel, jusqu’à sa planète, Ivan passe alors par tous les états et s’aperçoit qu’il ne souhaite qu’une chose: retrouver sa Terre. Un voyage fascinant où le lecteur accompagne son héros dans ses états d’âme les plus profonds.
Bonjour, quel fut votre parcours?
A ma sortie d’hypokhâgne, j’ai intégré l’école de Sciences-politiques, à Bordeaux. Ensuite, j’ai intégré une école de cinéma.
Quand avez-vous commencé à écrire?
A Sciences-po. Le rythme était plus apaisé qu’en classe préparatoire, j’ai alors ressenti le besoin d’écrire, de créer. Surtout, de raconter des histoires inventées, des fictions. J’ai donc commencé à écrire des nouvelles et des scénarios de court-métrages.
Vous possédez une formation de cinéaste mais vous écrivez, où va votre préférence?
Je suis écrivain. C’est l’écriture qui m’a toujours poussé, la volonté d’écrire des histoires pour les autres. Un film, même petit, on est tout de suite une trentaine à travailler dessus, alors qu’un livre, c’est vraiment un travail personnel. Il y a ce sentiment de maîtrise de la création qui m’est cher. J’aime la simplicité dans l’écriture, j’écris encore au stylo! Aussi, je retravaille énormément mes textes. Ce besoin de pouvoir revenir sur son oeuvre, n’importe quand est impossible au cinéma.
« J’ai lu tout ce qui avait été écrit sur le sujet »
« Je n’ai pas dansé depuis longtemps » est votre 3e roman. A chaque fois, c’est un univers très différent…
Oui, effectivement. Le premier (« Le Baiser dans la nuque« ) parlait d’une sage-femme devenant sourde, qui voulait apprendre le piano tandis que mon 2e (« La Délégation norvégienne« ) est une intrigue criminelle où le lecteur est lui-même le tueur… C’est une vraie volonté de dérouter le lecteur. C’est un choix de changer de thème, à chaque nouveau roman. Quand j’ai décidé de partir sur tout autre chose pour « La Délégation…« , c’est un peu comme si j’achetai ma liberté. Le lecteur ne sait plus à quoi s’attendre.
Pour « Je n’ai pas dansé… », vous avez donc choisi l’univers de l’espace. Le livre sent vraiment le vécu, vous avez dû beaucoup vous documenter?
C’est vrai. J’ai passé un an complet avant d’écrire une seule ligne. Pour chacun de mes romans, je fonctionne ainsi. Pour celui-là, je n’ai jamais autant été passionné par mon enquête préalable. J’ai lu tout ce qui avait été écrit sur le sujet. J’ai aussi rencontré et tissé de vrais liens avec des cosmonautes qui avaient stationné sur la station Mir. Ces hommes m’ont raconté des choses dont on ne parle pas souvent quand on évoque l’espace. Pourquoi les cosmonautes apportent des armes, que fumer, faire l’amour… Mais aussi, ils m’ont raconté l’émotion ressentie par le manque de la Terre ou par l’émerveillement devant des choses aussi simples que la couleur verte ou des salamandres…
C’est d’ailleurs pour cela que vous avez choisi de situer l’histoire en Russie, à l’époque soviétique…
Oui. Quand j’ai décidé de parler de l’espace, le choix était forcément binaire: Russie ou Etats-Unis. Au fur et à mesure de mes documentations, je me suis rapidement aperçu que les Russes avaient une plus grande liberté de parole, de ton. Les sujets tabous pour les Américains, comme le sexe, les films pornographiques pour maintenir une forme de libido, la consommation d’alcool, etc… étaient abordés par les cosmonautes russes. Aux Etats-Unis, le discours est bien plus formaté, l’image de l’astronaute reste très héroïque.
« L’homme a besoin de la Terre »
Dans le livre, Ivan est d’ailleurs très humain. Ca semble très réaliste et lvan semble souffrir énormément…
Mais un homme qui va être confronté à l’apesanteur, c’est horrible. Il y a l’afflux sanguin, la tête trop proche du coeur, l’oedème de la face… alors en plus, il est enfermé dans une boîte. Il se retrouve dans une situation extrême, un sentiment d’hyper-sensibilité. Un coup, il peut être hilare puis très irritable.
Ce n’est pas un livre qui donne envie d’être cosmonaute. Pensez-vous que l’homme ne peut quitter la Terre?
Je pense effectivement qu’on ne la quittera pas. Les limites ne sont pas techniques mais psychologiques. Les attaches sont viscérales. A moins de construire des véhicules spatiaux comme des Arches de Noé avec de la faune, de la flore et la gravité, peut-être. Sinon, je ne vois pas comment l’homme peut survivre. Il n’y a pas vraiment de destination plausible. Je crois que l’homme a besoin de la Terre.
« Rachida Dati craque à StrasbourgJohnny et…un flot de conneries »