Liberté de la presse, liberté d’expression : faut-il pratiquer l’autocensure ?

« La libre communication des pensées et des opinions est l’un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Ainsi sont posées les choses dans l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen de 1789.

Charlie-Hebdo a, cette semaine, agi en vertu du principe énoncé plus haut. En décidant de publier des dessins qui, ils s’en doutaient, allaient faire grand bruit, les journalistes et dessinateurs de la revue ont relancé le vieux débat des limites de la liberté d’expression.

Les Français, passés par des siècles de monarchie et de « pensée unique », sont très attachés à cet esprit d’indépendance, voire d’irrévérence de la presse telle qu’elle existait à l’époque des Lumières.

Et c’est pourquoi dans une grande majorité, les confrères des journalistes de l’hebdo satirique de Charb ont soutenu la publication des caricatures du prophète.

Ce n’est pas le contenu qui a été applaudi, beaucoup de médias trouvant les dessins grossiers et mauvais, mais la décision de Charb, ferme et conforme à l’esprit de la liberté d’expression propre à la presse.

Dans cette affaire, ce qui créé le malaise, c’est le timing de la publication.

Choisissant de rendre publiques des caricatures alors que le monde musulman s’embrase au sujet d’un film islamophobe, Charlie-Hebdo a pris un énorme risque… Celui d’attiser les tensions en ajoutant de l’huile sur le feu, alors que les caricatures du Charia-Hebdo de 2011 avaient déjà eu un effet explosif.

Au nom du contexte politique plus que tendu, Charb, directeur de publication et donc responsable du journal, aurait-il du s’abstenir ? La rédaction aurait-elle mieux fait de s’auto-censurer, de se taire, pour ne pas envenimer la situation ?

Beaumarchais, il y a plus de deux siècles, nous disait déjà : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. »

Force est de constater qu’aujourd’hui encore, cette maxime fait débat.

 

 

 

 

 

 


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