Violences à l’école, jusqu’où?

La mort du jeune Hakim, lycéen de 18 ans poignardé par un camarade vendredi après-midi, a relancé la polémique sur les violences à l’école.

Le jeune élève du lycée Darius Milhaud (Kremlin Bicêtre, Val de Marne) est mort des suites de ses blessures à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. Il a succombé aux trois coups de couteaux portés par son agresseur présumé, un lycéen du même âge, à la suite d’une altercation à propos de la soeur de la victime. Ce dernier a été interpellé et mis en examen samedi pour « homicide volontaire » et encourt, selon le parquet, jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.

Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a déclaré, après le drame du Kremlin-Bicêtre, qu’il ne s’agissait pas d’un «phénomène de bande» mais plutôt d’un «d’un drame individuel». Le lycée en question ne semble pas disposer d’assez de moyens en matière de surveillants et encadrements pour prendre en charge les quelques 1500 élèves.

La série noire des agressions et violences à l’école s’allonge à nouveau. Hier encore, un lycéen de 17 ans a été légèrement blessé  par un coup de couteau au genou devant le lycée Samuel-Champlain de Chennevières-sur-Marne (94). Chaque mois, le ministère de l’Education Nationale relève une vingtaine de « faits graves » commis avec des couteaux ou des bâtons dans les lycées et les collèges. De plus en plus d’armes circulent au sein des établissements scolaires et en 2009, un nombre inquiétant de faits divers ont défrayé la chronique. Xavier Darcos envisageait alors l’installation de portiques de détection de métaux devant certains établissements pour endiguer le phénomène.

Mais les caméras, les fouilles et les rondes d’agents de sécurité à l’entrée des lycées sont-ils la solution à cette généralisation de la violence au sein du système scolaire? Les agressions à l’encontre des enseignants sont mises en avant, donc plus visibles, mais la plupart des violences sont en réalité celles qui se font entre élèves, et qui sont le plus souvent tues.

L’augmentation de la présence et de l’usage d’armes blanches à l’intérieur comme à l’extérieur des établissements révèle une porosité avec la rue, dans des quartiers souvent difficiles. C’est après une bagarre à l’extérieur d’un établissement scolaire qu’un garçon de 16 ans est mort en mai 2009, après avoir été poignardé à Trappes (Yvelines).

Comment répondre de façon juste et adéquate à ces problèmes de violence de plus en plus fréquents, sans tomber dans un excès de sécurité et de surveillance? De telles mesures ne seraient-elles pas nuisible aux relations de confiance et de respect qui se doivent d’être enseignées à l’école? Que faut-il mettre en oeuvre pour pacifier les relations entre élèves et enseignants, afin que l’école reste une enceinte de protection et un lieu d’apprentissage avant tout?

De quoi témoigne cette recrudescence de violence à l’école, parmi les élèves ou contre le corps enseignant? Ces phénomènes s’apparentent-ils à un refus du système scolaire français tel qu’il est proposé? Il semble régner une incompréhension entre des élèves issus de contextes familiaux difficiles et victimes de leur milieu et parfois même de leur origine et des enseignants sur la défensive, qui à force d’être rejetés et non respectés tombent eux aussi dans les préjugés. Les torts sont bien des deux côtés, mais tant que jeunes et adultes ne rentreront pas dans une relation de respect mutuel et que les élèves n’accepteront pas l’autorité de fait dont dispose le professeur, les choses ne pourront pas avancer, et la fracture ne fera qu’augmenter.


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