Braquages en tout genre

Rue de Wattignies (Paris 12e), hier après-midi : une 405 grise fonce en marche arrière à toute vitesse sur un distributeur de billets d’une agence de la Société Générale dans un choc violent, mais sans faire de blessés. Deux malfaiteurs sortent du véhicule, incendient le local puis prennent la fuite à pied, apparemment sans butin, après avoir tenté de volé sa voiture à un automobiliste qu’ils ont aspergé de gaz lacrymogène… Une suite de Mesrine? Non, une histoire bien réelle, filmée par quelques témoins abasourdis devant cette scène spectaculaire. Hier matin, scène similaire près de Marseille, où des gangsters professionnels ont attaqué un fourgon blindé à l’aide d’explosifs, sans blesser personne et en emportant une somme estimée entre 4 et 8 millions d’euros. Enfin, aujourd’hui s’ouvre le procès d’une vedette du braquage, Farid Tir, qui doit répondre de plusieurs anciens méfaits commis dans le Nord, qui remontent pour la plupart à 2002, et après une évasion spectaculaire à bord d’un hélicoptère en 2005.

Y aurait-il un effet Mesrine, après la sortie en 2009 du film retraçant la vie de l' »Ennemi Public n°1″, Jacques Mesrine, qui sévit dans les années 1970 en France et brillamment incarné par un Vincent Cassel survolté? Ce personnage fantasque, aux mille visages, fut rendu populaire par ses tendances révolutionnaires, ses braquages médiatisés et ses évasions spectaculaires. Le cinéma s’est toujours intéressé aux grands voyous, souvent fantasmés et idéalisés en Robin des Bois modernes qui font rêver petits et grands. Ces stars du vol, ces vedettes de la gâchette et génies des coffres-forts ne volent que les banques, pas les honnêtes gens. C’est ce côté fascinant et attachant que le réalisateur Michael Mann donne à son personnage dans son film Public Enemies, où il brosse le portrait du désormais célèbre John Dillinger, braqueur de banque hors pair qui se fit un nom dans l’Amérique des années 30 et élégamment interprété par Johnny Depp. On se souvient aussi des sympathiques personnages d’Ocean’s eleven, de Steven Soderbergh, qui dérobent brillamment et sans bavure quelques millions de dollars dans un casino, en pleine journée, et sous les yeux de son directeur…

Alors, les braquages reviendraient-ils à la mode, ou en parle-t-on simplement plus? Cette recrudescence de petits faits divers isolés mais de plus en plus nombreux témoignerait-elle d’un besoin d’argent « facile » et rapide? Rien à voir avec la crise, en tout cas, car les braqueurs ont toujours existé, et existeront toujours, qu’ils soient romancés au cinéma ou catégorisés dans les faits divers dans la presse. Mais l’image qu’on peut en avoir est sans doute faussée par le cinéma et les rocambolesques aventures qu’il nous propose. Ces gens restent des criminels et, comme le montre si bien Jean-François Richet dans son film, Mesrine a lui aussi une part sombre, violente et un « instinct de mort »..


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