Annie Dookhan : les experts deviennent des escrocs

Annie Dookan, 34 ans, a travaillé 9 ans comme chimiste au Hinton State Laboratory Institute, un laboratoire d’analyses de Boston, financé par l’Etat du Massachusetts. Son travail consistait à identifier des drogues saisies par la police ou à en rechercher des traces sur des pièces fournies par les enquêteurs.

Jusqu’à peu elle était considérée comme une employée modèle. Mieux : comme une employée hors normes. Quand un chimiste analysait en moyenne entre 50 et 150 échantillons par mois, Annie Dookhan parvenait à en traiter plus de 500. Et jusqu’à ce jour de juin 2011 où elle a été surprise en train de retirer, sans autorisation, des dizaines d’échantillons de drogue d’une salle contenant des pièces à conviction, tout aller bien. Mais à la suite de cette épisode, une enquête a été lancée. Les policiers ne sont toujours pas revenus de leurs découvertes.

Non seulement la jeune femme n’avait pas le diplôme de chimiste qu’elle prétendait détenir, mais elle a avoué avoir bâclé ou falsifié une immense partie de ses analyses. Par exemple : quand elle prenait en charge 15 à 25 échantillons, si 5 d’entre eux se révélaient positifs, elle déclarait que tout le lot l’était. Pire : en présence d’un cas négatif, il lui arrivait d’ajouter de la drogue à un échantillon pour le rendre positif… Si Annie Dookhan n’a pas pu fournir d’autres explications que le désir de passer pour une employée modèle, des personnes sont aujourd’hui en prison à cause de ses manipulations. Pour le moment, on a identifié 1141 personnes détenues sur la foi d’échantillons trafiqués par la chimiste, sans que l’on puisse déterminer exactement qui dans le lot était coupable ou innocent.

L’affaire a provoqué le renvoi ou la démission de plusieurs responsables du laboratoire. Quant à la jeune femme, elle risque jusqu’à 20 ans de prison.


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