Mariage gay : faut-il mélanger la conscience et la loi ?
Une nouvelle polémique s’empare de la question du mariage gay. Mardi, lors du 95e congrès réunissant les maires de France à Porte de Versailles, François Hollande a évoqué la « liberté de conscience » des maires dans le cas du « mariage pour tous ». Que signifie cette liberté de conscience alors qu’une loi, si elle est adoptée, doit être appliquée et respectée par tout le monde ?
En réponse aux « préoccupations » dont a fait état Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France (AMF), au sujet du projet de loi sur le « mariage pour tous », le chef de l’État a déclaré que les maires « auront, si la loi est votée, à la faire appliquer ». Il a ajouté que « la loi s’applique pour tous dans le respect de la liberté de conscience ». François Hollande a complété ses propos en rappelant que les « possibilités de délégations [d’un maire à un adjoint] existent et peuvent être élargies ». Les maires opposés à la loi, pourront donc profiter de cette brèche pour faire appliquer la loi par un autre employé de la mairie afin d’éviter de le faire eux-mêmes.
Les pro-mariage gay voient cette déclaration du chef de l’État comme une « capitulation », un coup porté à la reconnaissance du droit de chacun de se marier avec la personne de son choix. Diverses personnalités politiques de gauche s’insurgent contre cette ouverture donnée aux maires réfractaires. Du côté d’EELV, « cette déclaration est ressentie comme une humiliation pour des millions de citoyens de notre pays. » Pour le parti écologiste, le président « est le garant de l’égalité de tous et toutes devant la loi. Il ne lui revient pas d’autoriser les maires, chargés d’appliquer la loi de la République, à s’en exonérer au nom de convictions philosophiques ou religieuses. » Le Parti de Gauche trouve les propos de François Hollande « effarants » et Jean-Luc Mélenchon, pourtant discret depuis quelques temps avec les médias, a affirmé que les lois du président obéissaient à une « géométrie variable ».
Du côté de l’UMP, Laurent Wauquiez voit cette situation comme une tentative « d’acheter le silence des maires ». Le nouveau président de l’UMP, Jean-François Copé, évoque quant à lui un « vrai début de recul ».
Selon l’Élysée, la position de M. Hollande doit pourtant être vue comme un « message de confiance » et une preuve que le gouvernement est « déterminé à faire appliquer la loi ».
Pourtant, le message envoyé est bien confus. On peut se demander comment dans une république, un maire peut-il avoir à cœur de faire valoir ses convictions personnelles, plutôt que la mise en pratique d’une loi instaurée démocratiquement. Un maire peut-il être légitime s’il pioche uniquement dans les lois qui cadrent avec ses opinions propres ?
Cette sortie du chef de l’État apparaît comme une valse-hésitation qui montre les pressions subies des deux côtés. François Hollande va pourtant devoir prendre une décision plus ferme s’il ne veut pas que la majorité soit taxée encore une fois de « gauche molle ».
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