Le collectif « Jeudi Noir » doit quitter la Place des Vosges

La justice a ordonné hier, lundi 18 janvier, l’expulsion du collectif pour le droit au logement Jeudi Noir qui occupait un hôtel particulier de la Place des Vosges depuis plus de deux mois.

Le tribunal d’instance du Ve arrondissement de Paris a exigé l’expulsion « au besoin avec l’aide de la force publique faute de départ volontaire » des treize jeunes militants à compter de lundi prochain. S’ils n’ont toujours pas quitté les lieux d’ici là, ils devront payer 25.000 euros par mois à partir du 26 janvier. La justice a également exigé des squatteurs qu’ils versent des indemnités à la propriétaire de l’immeuble, de l’ordre de 3400 euros par mois occupé, c’est à dire du 31 octobre au lundi 26 janvier. Les avocats de la propriétaire de ce bâtiment du XVIIe siècle avaient demandé cette expulsion, ainsi que le versement d’environ 140 000 euros de dédommagements.

L’immeuble d’environ 1 500 m² avait été acheté en 1963 par Béatrice Cottin, aujourd’hui âgée de 87 ans et en maison de retraite depuis 2 ans, à la suite d’une fracture du fémur. Les jeunes militants et leurs avocats ont mis en avant le fait que l’immeuble n’avait pas vocation à être réintégré à court terme pour justifier leur décision de continuer à occuper les lieux. Julien Bayou, l’un des porte-parole du collectif a regretté la décision du tribunal qui « impose aux étudiants de partir sans délai et en plein hiver » mais s’est dit prêt à payer le loyer de 3400 euros dû à la propriétaire pour l’occupation des locaux. Mais les avocats de Jeudi Noir dénoncent le jugement basé selon eux sur un mensonge, car la propriétaire n’aurait pratiquement jamais vraiment habité dans cet hôtel parisien..

Laissé plus ou moins à l’abandon depuis 1965, l’immeuble a été occupé pendant deux mois par trente-trois jeunes dont les deux tiers sont étudiants, souvent boursiers, un tiers des chômeurs ou des travailleurs précaires, âgés de 19 à 35 ans. Grands habitués des squats d’immeubles non-occupés, qu’il appelle «réquisitions citoyennes», Jeudi Noir agit sur deux plans : l’un, pragmatique et vital, vise à se loger quand toutes les autres solutions ont échoué ; l’autre, militant et citoyen, veut frapper les esprits et attirer l’attention par des actions médiatiques, à l’heure où la crise du logement se fait croissante et toujours plus inquiétante.


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