DAL, Jeudi Noir et les « Galériens du Logement » squattent un nouveau bâtiment !
Ce lundi 7 janvier, Jeudi Noir et le Droit Au Logement (DAL), deux associations militant contre le mal-logement, ont voulu dénoncer conjointement l’aberration que constituent les appartements vacants. Alors que les sans-abris, les locataires précaires et tous ces « Galériens du logement » se multiplient dans une France frappée par la crise et la flambée des prix de l’immobilier, les associations se mobilisent avec un mot d’ordre : « des logements, pas des hôtels ». Et une méthode controversée : la réquisition des logements inoccupés.
Depuis le 30 décembre 2012, les associations DAL et Jeudi Noir occupent un immeuble désaffecté du Xe arrondissement de Paris. Une action de protestation contre le mal-logement et d’interpellation du gouvernement. « Plus de 60 mal-logés ou sans-logis » se sont ainsi installés au 2 rue de Valencienne dans un « bâtiment de 2.000 m² inoccupé depuis deux ans », annonce le DAL dans un communiqué, qui précise par la suite que l’appartement est la propriété d’une société hollandaise basée au Luxembourg. Le paradoxe : avant d’accueillir « la misère du monde », le bâtiment abritait les bureaux d’Histoire d’Or, une chaîne spécialisée dans l’horlogerie et la bijouterie.
Qui sont les nouveaux occupants des lieux ? Ceux qui remplacent les riches clients d’Histoire d’Or ? Ceux qui dorment en lieu et place des étals dorés sur lesquels paradaient autrefois montres, broches, bracelets et colliers ? Le DAL détaille ainsi le profil des squatteurs : « 14 familles, hébergées depuis des années dans des hôtels ou en logement indécent, surpeuplés », « beaucoup d’enfants en bas âge et des adolescents : au total 24 », « des personnes handicapées », « des propriétaires DALO* (certains depuis 2008) », « des demandeurs de logements sociaux sur liste d’attente parfois depuis 11 ans » et « des jeunes actifs précaires ». On est donc bien loin du clodo parisien type qui arpente les couloirs du métro avec ses chiens. Aujourd’hui, le mal-logement touche monsieur tout le monde, madame tout le monde et leurs enfants.
Contrairement aux locaux de la maternité abandonnée du XII arrondissement, réquisitionnés deux semaines plus tôt par les associations, cet immeuble est « utilisable immédiatement » et pourrait rapidement être converti en lieu de résidence… Si la ministre du Logement, Cécile Duflot, va dans ce sens. Ainsi, les pièces, couvertes de moquette, sont bien chauffées et se situent à proximité des sanitaires et de la cuisine commune. Une installation de fortune qui contente pourtant les infortunés qui y ont temporairement posé leurs valises. Pour Nouzah Lacombe et ses trois enfants, interviewés par une journaliste de l’AFP, elle offre « une pause bienvenue dans le défilé des hôtels ».
Que réclament concrètement Jeudi Noir et le DAL ? Tout d’abord, les deux associations demandent au gouvernement « que ce bâtiment fasse partie des opérations de réquisition annoncées par la ministre du Logement. L’urgence c’est d’utiliser l’ordonnance de 1945 qui offre une mise en œuvre plus sûre et plus rapide ». Elles militent ensuite pour « le respect du droit à l’hébergement et de la loi DALO, et dans ce but, la mobilisation de 100.000 logements et bureaux vacants nécessaires ». Enfin, les militants rappellent qu’ils se battent depuis des années « pour une politique de construction massive de logements sociaux » ainsi que pour « une véritable régulation des loyers, de l’immobilier et du foncier, et une baisse des loyers dans les zones tendues ».
Si une procédure de réquisition des bâtiments vides pour accueillir les sans-abri a été lancée avant Noël par la ministre du Logement, Cécile Duflot, celle-ci ne pourra pas aboutir avant la fin de l’hiver. En attendant, les « Galériens du logement » devront dormir dehors ou dénicher un squat… un siège qu’ils savent éjectable. Pourquoi ? Parce que Mme Duflot a pris son temps ?
* Droit Au Logement Opposable
Crédit photo : Fred Dufour afp.com
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