Anti-mariage gay : la manifestation du 13 janvier, un échec ?

Ils étaient 340 000 selon la police, environ un million d’après les organisateurs du rassemblement : les Français hostiles au mariage gay et à l’ouverture de l’adoption pour les couples de même sexe ont battu le pavé dimanche 13 janvier. Pour quels résultats ?

C’est à partir du 29 janvier que le projet de loi qui divise tant les Français doit être examiné par le Parlement. Autant dire que pour les anti, le temps presse !

Afin de marquer les esprits et d’exprimer haut et fort leur mécontentement, ils ont défilé hier dans les rues de Paris, calmement et dans la bonne humeur, ballons roses et musique disco à l’appui. Parti de trois points différents (Place d’Italie, Porte Maillot et Denfert-Rochereau), le cortège hostile au mariage gay et à l’autorisation de l’adoption pour ces couples a rejoint le champ de Mars, sous les yeux certainement ébahis des nombreux touristes présents dans ce quartier très touristique.

Le « couac » du jour.

Une manifestation sans heurts, dans laquelle on trouvait autant de quadras que de jeunes, de personnes âgées et de familles venues avec leurs jeunes enfants, cela ferait presque rêver, non ?

En vérité, cette manifestation a eu sa polémique. En causes, les paroles malheureuses de l’un de ses organisateurs tout de rose vêtu, Xavier Bongibault. « On nous explique en permanence que tous les homosexuels sont pour ce projet de loi parce qu’ils sont homosexuels. C’est une logique choquante et homophobe de la part de ce gouvernement. (…) Dire que tous les homos ont pour seul instinct sexuel leur orientation sexuelle, c’est la ligne qui était défendue par un homme que l’Allemagne a bien connu à partir de 1933 et c’est la ligne que François Hollande défend aujourd’hui. »

Comparer la ligne politique pro-mariage gay de François Hollande aux tristement célèbres idées d’Adolf Hitler, il n’en fallait pas beaucoup plus pour provoquer l’indignation du parti socialiste, et la gêne de Frigide Barjot, médiatique leader du mouvement anti-mariage pour tous.

Jean-François Copé, le retour.
Le contesté président de l’UMP, tout auréolé de sa crédibilité de chef de parti et de la bonne opinion qu’il inspire à nombre de Français, a pris part au cortège, accompagné du chef de file des députés UMP à l’Assemblée, Christian Jacob. Pour le maire de Meaux, cette manifestation est  un « test pour François Hollande. » .
 En effet, Français anti-mariage gay et personnalités politiques (parmi lesquelles certains cadres du Front National, comme Marion Maréchal-Le Pen ou Louis Aliot) ont entonné des « François, ta loi on n’en veut pas !« , ou encore des « Un père, une mère, c’est élémentaire« , qui ont a priori laissé de marbre le gouvernement et le président de la République. Le ministre du Travail, Michel Sapin, l’a résumé ainsi : « Est-ce que ça fait changer le cours des choses? La réponse est non. (…) Est-ce que dans 15 jours, dans trois mois, dans six mois, ça restera un événement? Je ne le pense pas. La loi aura été votée, et personne ne reviendra sur la loi qui aura été votée.« .
Ainsi, la démonstration de force des anti n’a apparemment pas porté ses fruits. Certains élus de droite, frileux à l’idée de défiler ce dimanche 13 janvier, avaient d’ailleurs émis une autre idée : la mise en place d’un référendum.
En tout état de cause, pour Jérôme Fourquet de l’IFOP cité par l’AFP, cette manifestation, bien qu’importante numériquement, n’aura pas d’influence sur le gouvernement : « Si d’aventure François Hollande revenait en arrière sur ce projet de loi, ce serait très dommageable en terme d’image et en terme de légitimité auprès de son électorat. » .
Peu de chances qu’un Président qui comptabilisait encore récemment plus de 60% d’opinions défavorables se risque à cette « petite » marche arrière.

 


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