Manif anti-mariage gay : le cortège du FN, un nid de fachos ?
Qui sont ces vilains « fachos » qui se sont cachés dimanche parmi les braves manifestants descendus par centaines de milliers dans la rue pour protester contre le projet de loi ouvrant l’union civile aux homosexuels ? Non, pas les militants du Front… Non, pas les identitaires… Non, pas les cathos réac’ de Civitas… Non pas les « débris » de l’Action Française… C’est un extrémiste d’un tout autre acabit qui s’est faufilé dans le cortège du FN lors de la « Manif pour tous » : Nick Griffin…
Vous ne connaissez pas (encore) Nick Griffin ? Il s’est pourtant construit Outre-Manche une sacrée réputation. Avant de vous brosser tout en nuances (de brun) le portrait du Chef du British National Party (BNP), revenons sur le contexte de son apparition.
Dimanche 13 janvier. 13H00. Paris. Au départ de Porte Maillot, Place d’Italie, Place Denfert-Rochereau, la « Manif pour tous » prend d’assaut les rues de Paname. Direction : le Champ de Mars qui se trouve au pied du plus illustre des symboles phalliques, la Tour Eiffel. Pendant que les manifestants se multiplient comme des limaces sous la pluie – ils passent de 300.000 au « million » bien sûr – les slogans fusent : du plus mielleux « Un père, une mère, c’est élémentaire » au plus fielleux « Sodome, Gomorre, culture de mort » clamé par les militants de Civitas et les uniformes du Cercle National des Combattants (CNC). Avec un même but : convaincre les leaders socialistes de revenir sur le projet de loi sur le « mariage pour tous ».
A l’extrême-droite du rassemblement… Rien de nouveau. Marine Le Pen n’a pas rendu une visite surprise aux militants du Front national pourtant descendus en masse dans la rue à l’appel du bureau politique du parti. C’est un autre leader politique qui s’est invité « par surprise » dans la section frontiste de la manif’ : Nick Griffin, le chef du British National Party (BNP), une formation britannique d’extrême droite. Et c’est sur son trente-et-un – cintré dans son écharpe bleutée – que le député européen s’est affiché en tête de cortège. A quelques pas de l’aspirant-président Bruno Gollnisch et des deux députés Gilbert Collard et Marion Maréchal Le Pen. Il est sans doute excessif de dire que la délégation frontiste abrite un « nid de fachos »… Mais, il n’est pas faux de dire qu’elle en cache au moins un « gros ».
En quoi Mister Griffin est-il un allié embarrassant pour le Front qui tente, depuis quelques années, de se « dédiaboliser » aux yeux de l’opinion ? En raison de ses sulfureux liens d’amitié que pointent Caroline Monnot et Abel Mestre sur lemonde.fr : de David Duke du Klu Klux Klan (KKK) au leader afro-américain raciste et antisémite de la Nation of Islam, Louis Farrakhan. Et qui se ressemble s’assemble dans ce cas. Car le chef du BNP est surtout connu Outre-Manche pour ses déclarations révisionnistes, antisémites et racistes… qu’il affirme avoir mis de côté… Temporairement ! Ainsi, en octobre 2012, Nick Griffin a créé la polémique en convaincant ses militants sur Twitter de manifester devant le domicile d’un couple homosexuel.
Vous n’êtes pas convaincu ? Voici les meilleurs morceaux du savoureux best-of des sorties de M. Griffin (publié sur le site de la BBC) : « Nous n’avons pas abandonné l’idée que les pays mono-racial, que les pays mono-ethnique sont plus stables, il est plus facile de préserver les droits de l’homme et la liberté en leur sein que dans les sociétés multiraciales qui finissent toujours par emprunter la voie de la tyrannie » (1985) ou encore « Je suis au courant que l’opinion dominante est que 6 millions de Juifs furent gazés et brûlés et transformés en abat-jours. Mais l’opinion dominante a aussi cru que la Terre était plate… » Explique-t-il en évoquant le« conte de ‘l’extermination’ » des Juifs en 1998.
Au vu des anciennes déclarations du leader du Parti national britannique, on comprend l’embarras de ses co-manifestants du FN. Ainsi, Louis Aliot n’a voulu faire « aucun commentaire », assurant qu’il ne savait même pas qui il était. On y croit tous ! « Le FN ne partage pas les positions de M. Griffin et de son parti sur un certain nombre de sujets. Nous n’avons plus de partenariat avec le BNP, il ne fait pas partie des contacts officiels », a voulu rassurer de son côté l’animateur du cortège frontiste, Nicolas Bay.
Impossible pour Bruno Gollnisch d’employer la tactique de l’autruche. Car l’eurodéputé est bien celui qui a envoyé un carton d’invitation au Britannique. « Il m’a appelé la veille au soir pour me dire qu’il voulait venir, je lui ai dit de nous rejoindre », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « C’est un ami, nous nous côtoyons tout le temps au Parlement européen ». On peut dire que les frontistes savent choisir leurs amis !
Photo : Nick Griffin, leader du BNP, est le deuxième en partant de la gauche – AFP/Thomas Coex
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