François Hollande: veut-il redorer son blason grâce au Mali ?
De nombreux observateurs affirment que l’intervention française au Mali serait un prétexte pour améliorer l’image de François Hollande auprès des Français, passant ainsi du président mou au président qui sait faire preuve d’autorité. Le chef de l’Etat a-t-il vraiment besoin d’envoyer des troupes à l’étranger pour gagner des points dans les sondages ?
Réduire l’intervention militaire française au Mali à une simple question de stratégie politique visant à redorer le blason du président serait beaucoup trop simpliste. Certes, François Hollande doit faire face à de nombreuses critiques (quel président n’a jamais connu cela ?), notamment par rapport à la légalisation du mariage homosexuel, ou encore contre ses hésitations sur le plan économique. Les reproches de l’opposition ne sont pas tendres pour dénoncer sa mollesse supposée, le décrédibiliser dans sa fonction présidentielle, et les résultats des sondages ne sont pas très flatteurs.
Cependant, on ne peut taxer le président de va-t-en-guerre seulement pour le prestige, puisqu’il a organisé un retrait anticipé des troupes françaises en Afghanistan et veut rendre plus subtil son influence en Afrique de l’ouest. Si François Hollande veut gagner en crédibilité et en autorité, il semblerait que ce n’est pas en cherchant à s’imposer par la force. À ceux qui soutiennent que la France a gardé certains réflexes de son passé colonial, les diplomates du ministère des Affaires Etrangères ont répondu que les troupes françaises resteraient au second plan.
Pourtant, la progression des islamistes au Mali a forcé le chef de l’Etat Français à répondre favorablement aux demandes d’aide du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, avec le soutien des Nations Unies, pour faire la « guerre contre le terrorisme ». Cette initiative répond surtout à un souci de bloquer les groupuscules armés extrêmement violents dans leur progression au sein du Mali, en Afrique et de les empêcher de gagner en force, ce qui serait une catastrophe pour la sécurité des Etats, bien au-delà des frontières africaines.
Si cette intervention se révèle nécessaire pour ne pas accuser François Hollande de non assistance à Etat en danger, rien ne dit que l’opération permettra un recul du terrorisme au Mali. En cas de succès de l’opération, il pourra jouir d’une aura plus importante pendant quelque temps. En revanche, il est certain qu’un échec donnerait du grain à moudre à tous les détracteurs de sa politique.
Pour le journaliste Hervé Gattegno, l’implication française vise certes à repousser le danger terroriste, mais aussi à préserver les intérêts de la France. « Il y a toujours une volonté de puissance, de calculs stratégiques ou économiques. (…) le président-chef des armées est cru sur parole – alors qu’il a le plus grand mal à convaincre sur les autres sujets. Il n’empêche qu’on n’est pas tenu de croire que nos soldats ne sont au Mali que pour réprimer le terrorisme. Il s’agit de maintenir ce qui reste de l’influence française en Afrique ; et de préserver la sécurité de nos intérêts dans cette zone et sur notre sol – en neutralisant ces réseaux », écrit-il dans Le Point. Hervé Gattegno ne soutient pas la thèse de l’acte désintéressé. Pour lui, « François Hollande mesure aussi ce que la France peut y (re)gagner en prestige dans cette région – et à quel point son image à lui peut en profiter devant les Français. Cela intervient dans sa décision ».
L’expérience de Nicolas Sarkozy qui s’était engagé à faire tomber la dictature de Khadafi montre bien qu’il ne suffit pas d’une victoire pour remonter dans les sondages ou se faire ré-élire. François Hollande garde cet exemple bien en tête et sait que son engagement auprès des autorités maliennes aura forcément un impact sur sa popularité. Il est à un tournant important à l’issu duquel il ressortira soit affaibli, soit grandi.
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