Union européenne : le Royaume-Uni demandera-t-il le divorce ?
L’alliance entre le Royaume-Uni et l’Union européenne n’a jamais brillé par sa passion. Si, en 1973, la « perfide Albion » s’est finalement laissée séduire par ses voisins européens, elle ne s’est jamais pleinement investie dans une relation… qui pourrait bientôt se solder par un divorce. Car ce mercredi, le Premier ministre britannique, sous la pression de ses camarades eurosceptiques, a pris la décision d’organiser à l’horizon 2017 un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne.
Ce n’est pas une surprise ! L’hôte du 10 downing street, David Cameron, s’est laissé convaincre par les eurosceptiques de son propre camp. Conséquence : les citoyens du Royaume-Uni, qu’ils viennent d’Angleterre, d’Irlande du Nord, d’Ecosse ou du Pays de Galles, diront « oui » ou « non » à l’Europe, lors du référendum qui se tiendra courant 2015-2017.
D’après plusieurs vidéos révélées dans la nuit du mardi 22 janvier, le Premier ministre britannique, par ailleurs chef de file des conservateurs, rêverait – bien sûr – que son pays reste au sein de l’Union européenne fraîchement couronnée du prix Nobel de la Paix… A condition que celle-ci se réforme et que ses liens avec le Royaume-Uni fassent l’objet d’une renégociation.
David Cameron veut ainsi inscrire la nécessité « d’un nouvel arrangement » avec Bruxelles dans le manifeste électoral des conservateurs – les héritiers des Tories – pour les élections parlementaires de 2015. « L’intérêt national britannique est mieux servi au sein d’une Union européenne flexible, adaptable et ouverte. Et une telle Europe se porterait mieux avec la Grande-Bretagne en son sein », a-t-il prôné ce mardi 23 janvier. Faisant du même coup reculer l’espoir d’une Europe fédérale plus cohérente sur les plans politique et économique.
« Si nous ne répondons pas aux défis, le danger est que l’Europe échoue et que les Britanniques se dirigent vers la sortie », a-t-il encore menacé, insistant sur « le désenchantement actuel de l’opinion publique, à son comble ». Comme si les sujets de la Couronne d’Angleterre avaient toujours été enchantés par l’idée européenne. « Les gens estiment que l’UE s’oriente dans une direction qu’ils n’ont jamais voulue. Ils vivent mal les interférences dans notre vie nationale, au travers de lois et règlements qu’ils considèrent superfétatoires. Et ils se demandent à quoi tout cela rime » a poursuivi le Premier ministre, pointant ainsi l’immixtion de Bruxelles dans la politique intérieure du Royaume-Uni.
Précisons que ce référendum n’aura lieu que si le Parti conservateur britannique l’emporte sur ses adversaires du Labour Party aux prochaines élections, renouvelant automatiquement le mandat du Premier ministre, Mister Cameron. En cas de victoire de la droite, le vote populaire se tiendrait entre 2015 et 2019. Et cela même si Bruxelles cède aux pressions britanniques. « Une fois les nouvelles relations [entre le Royaume-Uni et l’Union européenne] renégociées (…). Le référendum se tiendra sur la question dedans-dehors », a-t-il ainsi expliqué.
M. Cameron a voulu menacer Bruxelles pour rassurer les eurosceptiques britanniques qui, depuis plusieurs années, réclame une consultation populaire face « au déficit démocratique » du Parlement européen. S’il a indiqué « comprendre leur impatience », le leader conservateur ne s’est pas pour autant vautré dans l’euroscepticisme ambiant. Car le premier ministre défend depuis toujours les atouts économiques du marché commun, même s’il ne souhaite pas adopter une monnaie – l’euro – minée par la crise.
Ce qu’il dénonce, ce sont les soi-disant dérives politiques d’une union européenne qui vire selon lui, vers le supranationalisme – que d’autres qualifient de fédéralisme. David Cameron milite pour limiter les « superpouvoirs » de Bruxelles en matière d’emploi, de normes sociales, de police et de justice. Bref, il ne veut pas sortir de l’union, mais la transformer en union à plusieurs vitesses, afin de ralentir l’incorporation britannique en son sein.
Une question se pose : le Royaume-Uni peut-il sortir de l’UE ? Si un climat d’euroscepticisme plane sur l’île, une partie de l’opinion britannique reste sinon europhile du moins favorable au maintien de leur pays dans l’union. Par ailleurs, les voisins européens, dont la France, refusent de créer une « Europe à la carte ». Quant au président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, il est plus que favorable au maintien de son allié britannique dans l’Union européenne. Et les critiques fusent depuis la déclaration de M. Cameron…
Une sortie de l’UE irait à l’encontre de « l’intérêt économique national » selon le chef de l’opposition britannique, Ed Miliband. Elle serait « dangereuse » pour le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui, ce matin, a voulu critiquer la décision de M. Cameron, en filant la métaphore au micro de France Info : « L’Europe, mettons que ce soit un club de football, on adhère à ce club de football, mais une fois qu’on est dedans, on ne peut pas dire ‘on joue au rugby’ ».
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