Réforme du lycée : remise de « travaux » pour l’élève Descoings

Appelé en renfort pour mener la réforme du lycée, le patron de Sciences Po, Ricard Descoings, remettait ses « travaux » au président en fin de matinée. Un rapport de 87 pages qu’il a aussitôt mis en ligne sur son blog LycéePourTous. Planetecampus le décrypte pour vous.

La démocratie participative selon Descoings, c’est jouer sur la carte de la proximité. Une proximité qui l’a conduit sur les routes de France à la rencontre des lycéens, de leurs parents et de leurs professeurs. C’est de ces rencontres qu’est né, non pas un énième « rapport » comme en connaît tant l’ère sarkozyste, mais des « travaux » – et l’Elysée insiste sur la terminologie. A 10h, ce mardi 2 juin, il annonçait sur son blog : « dernière relecture avant la remise du rapport », qu’il mettait aussitôt en ligne, avant de se rendre chez Mr le Président.

Dans ce rapport, qu’il qualifie de « texte court qui mettra en relief ce qui ne fait pas consensus », Richard Descoings se pose en médecin d’un enseignement secondaire malade. Il joue ainsi sur la dichotomie « diagnostic/préconisation » et propose deux remèdes de cheval : une refonte des filières en mettant l’orientation au cœur de l’enseignement et l’accent sur l’apprentissage, le cheval de bataille de l’Elysée depuis le « plan d’urgence ».

Remède A : l’orientation
Diagnostic : Avec une filière scientifique, qui concentre près de 50% des élèves, alors que la moitié ne choisit pas cette voie après le bac, le lycée d’aujourd’hui est face à ses contradictions, qui traduisent un grave problème d’orientation. Pour M. Descoings, c’est LE talon d’Achille de l’enseignement secondaire.
Préconisation : Et pourtant, le remède paraît simple comme une vielle recette de grand-mère : multiplication des stages, visites de lycéens dans l’enseignement supérieur pour découvrir les filières, visites de professionnels d’entreprises dans les lycées. Plus concrètement, cela donne aussi un bac littéraire, qui met l’accent sur les langues, et un bac scientifique recentré vers son rôle premier : former les scientifiques de demain. Ce, en renforçant les coefficients en maths et en sciences.

Remède B : l’apprentissage
Diagnostic : Plus connu sous le nom de bac « technologique », l’apprentissage est reconnu des professionnels, mais déconsidéré du public. Le bac technologique c’est la voie de la dernière chance, celle choisie quand on n’a pas le profil bac général. C’est pourtant celle sur laquelle mise M. Descoings, qui préconise de garder une « grande voie » technologique.
Préconisation : Il pousse à l’instauration de quotas pour que les jeunes issus de ces filières puissent trouver des places dans l’enseignement supérieur qui leur conviennent, IUT ou BTS. L’artisan du « Science Po pour les élèves de ZEP » déclare : « On a bien réussi  à mettre des quotas en classe préparatoire pour des élèves boursiers, je ne vois pas pourquoi on n’y parviendrait pour les élèves de la voie technologique ».

Notons qu’en jouant ainsi sur les termes « travaux » et « préconisation », Mr Descoings se dédouane des mesures qui  seront prises par le gouvernement et « protège ses arrières ». Et pose la question du devenir de ces « travaux », à l’heure du grand remaniement ministériel. Sera-t-il acté ou passera-t-il aux oubliettes, parmi les autres rapports ?


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