FN : les idées frontistes séduisent de plus en plus de Français

Marine Le Pen semble avoir réussi son pari : dédiaboliser le parti de papa Jean-Marie. C’est ce que révèle l’édition 2013 de l’enquête sur le Front national (FN) réalisée chaque année par TNS Sofres. Près d’un tiers des Français seraient séduits par les idées du parti d’extrême droite. Et un peu moins de la moitié d’entre eux ne le considéreraient pas comme un « danger pour la démocratie ». Bref, le FN n’incarne plus le « mal » aux yeux des citoyens de l’Hexagone. Merci qui ? Les ténors du Front qui ont su baisser le ton ? Ou les leaders de l’UMP qui a contrario ont mis le paquet sur le travail, la famille et la patrie ?

Le Front national – formation politique fondée en 1972 par Jean-Marie Le Pen – se banalise et ses idées infusent un peu plus chaque année la société française. Voici ce que nous apprend le dernier baromètre du Front national conduit par TNS Sofres du 24 au 28 janvier 2013 pour France Info, Le Monde et Canal Plus.

Aujourd’hui, un peu moins de 50% (47% pour être précis) des Français estiment que le FN « ne représente pas un danger pour la démocratie » (soit 8 points de plus qu’en 2012). Et presque autant de sondés pensent le contraire. Une réelle amélioration pour le Front qui, au milieu des années 1990, était encore perçu comme nuisible par 70% des sondés ! Normal. A l’aube des années 2000, la formation d’extrême-droite s’est propulsée sur la troisième marche du podium politique.

Pas de panique. Car, le niveau d’adhésion aux idées portées par le parti de Marine Le Pen reste stable avec un score de 32% (contre 31% en 2012). Si l’ascension des principes frontistes est lente et quasi-imperceptible, elle n’en reste pas moins réelle. Cependant, 63% Français se disent en désaccord avec les idées du FN.

Comment les sondés perçoivent-ils l’extrême blonde Marine Le Pen ?

Visiblement mieux que le « diable borgne » alias Jean-Marie Le Pen. Pour la première fois, le leader du Front national est davantage perçu comme le porte-parole d’une « droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles » (pour 44% des enquêtés contre 41% en 2012) que comme celui « d’une extrême droite nationaliste et xénophobe » (pour 43% des Français contre 45% l’année précédente). Bravo Marine !

Autre victoire pour la nouvelle présidente du parti d’extrême-droite : de plus en plus de Français la perçoivent comme un potentiel chef d’Etat. Marine Le Pen est ainsi crédible, voire présidentiable, pour 35% des sondés (contre 31% l’année passée). Parallèlement, sa formation politique apparaît comme moins fondée sur la contestation qu’auparavant. Et son potentiel électoral progresse : 27% des personnes interviewées par TNS Sofres déclarent pouvoir voter FN dans l’avenir. Parmi eux, un tiers n’a jamais pu le faire. La fille de Jean-Marie Le Pen est décrite comme « volontaire » (par 81% des enquêtés), « capable de prendre les décisions » (69%) ou de « comprendre le quotidien des Français » (49%). Des qualificatifs plutôt positifs…

La droite républicaine de plus en plus perméable aux idées frontistes

Alors que l’immense majorité (83%) des électeurs de gauche se déclare en désaccord avec les idées portées par Marine Le Pen, le cœur d’une partie de l’électorat de droite balance sensiblement vers l’extrême droite de l’échiquier politique. Et une alliance entre la droite nationaliste incarnée par le Front national et l’UMP labellisée droite républicaine semble de moins en moins fantaisiste dans l’esprit des Français. Ainsi, 53% d’entre eux pensent que Marine Le Pen est « capable de rassembler au-delà de son camp ». Et 28% d’entre eux (plus 4 points en une année) estiment que le parti de Jean-François Copé doit « faire des alliances électorales selon les circonstances » avec le FN. Parmi les électeurs de l’UMP, on recense un peu moins de 40% de potentiels alliés.

A l’inverse, ils sont 29% à penser que la droite parlementaire doit refuser « tout accord politique avec le FN mais sans le combattre » et 18% à estimer qu’elle doit « le combattre ». Les électeurs de l’UMP sont donc divisés sur la question. Contrairement aux frontistes qui eux n’attendent que cela. Ainsi, 68% d’entre eux appellent à « une entente au cas par cas » et 62% à « une alliance globale ».

Comment interpréter de telles données ?

Pour Edouard Lecerf, directeur général de TNS Sofres, « ce n’est pas une rupture [ni une surprise, ndlr]. Le mouvement entamé depuis plusieurs années se poursuit : un FN présent de manière continue dans la politique française ne crée pas de crispation comme il pouvoir y avoir à une époque. Il y a une forme d’intégration très claire à droite dans la prise en compte du FN comme un élément complémentaire de la vie politique française ».

Est-ce la preuve de la réussite de la « stratégie de dédiabolisation » conduite par Marine Le Pen depuis son accession au trône du FN en 2011 ? Probablement. Mais, c’est aussi la conséquence indirecte de la politique « à droite toute » de l’ancien Gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Sondage réalisé du 24 au 28 janvier auprès d’un échantillon de 1.012 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.

Crédit photo : AFP/BORIS HORVAT


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