Benoit XVI : peut-on plaisanter sur sa démission ?
Peut-on rire et plaisanter de tout ? C’est la grande question, surtout depuis l’histoire des caricatures de Mahomet, en 2005. Les caricaturistes de Charlie Hebdo sont passés maître en la matière, mais pour quelques personnalités, l’humour ne doit pas tout permettre. Par exemple, en ce qui concerne l’annonce de la démission du pape Benoit XVI.
« Nous ne présentons pas de candidat » (pour la succession de Benoit XVI, ndlr), avait déclaré hier le président Hollande, sourire aux lèvres. Un petit trait d’humour que le chef de l’Etat s’était permis lors d’une conférence de presse, après avoir exprimé son souhait de « laisser l’Eglise catholique déterminer comment elle entend organiser (la) succession. » . Un peu plus tôt, il avait qualifié la décision du pape de se retirer « d’éminemment respectable. » .
Rien de bien méchant, donc. Sauf que la petite boutade n’a pas vraiment été du goût de Claude Guéant, ex ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy. « Faire une blague à propos d’une décision aussi digne, ce n’est pas bien, c’est déplacé. » .
Mais le président Hollande n’a pas été le seul visé par les remontrances de M. Guéant. Michèle Delaunay, ministre déléguée aux personnes âgées, en a également fait les frais. Sur Twitter, elle avait commenté ainsi le départ du pape : « Je dois bien reconnaître que, à tort ou à raison, Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision #Age #EmploidesSeniors# » , avant de retirer sa phrase, qui n’a pas franchement amusé l’ancien ministre de l’Intérieur.
« Ils ont blagué sur une personnalité d’une telle ampleur, je trouve que ce n’est pas bien » , a résumé Claude Guéant.
Mais, alors, il est interdit de blaguer gentiment sur la démission du pape ? Doit-on éviter l’humour lorsqu’il vise une personnalité politique, religieuse, âgée ? Doit-on s’auto-censurer et cloisonner la liberté d’expression ?
François Hollande, figure de l’Etat, aurait-il dû s’abstenir de sa petite blague ? Un président de la République peut-il se permettre de faire des traits d’humour sur d’autres grandes personnalités ?
Clairement, en tout cas, le débat sur la liberté d’expression et l’humour en toutes circonstances reste ouvert.
« « Et l’homme…créa le robot » au Musée des Arts et MétiersHollande-Ayrault : enfin, leur côte de popularité se stabilise ! »