Farines animales : la France condamne la décision de l’UE

Alors que depuis plusieurs jours, le « Findus Gate » et ses tonnes de viande de cheval maquillée en « pur bœuf » remuent le cœur, l’estomac et les entrailles de l’Europe, la Commission européenne autorise de nouveau l’utilisation des farines animales dans l’alimentation des poissons, des porcs et des volailles… Deux décennies après la crise de la « vache folle ». Une décision bien malvenue, au lendemain du scandale des pâtes fourrées au cheval, que la France s’est empressée de condamner.

Dimanche 17 février, la ministre française de l’Ecologie, Delphine Batho, a déploré le feu vert de l’Union européenne au retour des farines animales dans l’alimentation d’une partie des animaux d’élevage. A partir du 1er juin 2013, les poissons, puis courant 2014, les cochons et les volailles pourraient de nouveau être nourris avec des « farines de viandes et d’os » dites « protéines animales transformées (PAT) »… Elles-mêmes issues de cadavres de poissons, de cochons et de volailles, finement broyés.

« Ce n’est pas dans la logique de la chaîne alimentaire », a protesté Delphine Batho, estimant qu’« il est très important que la filière piscicole française s’organise pour qu’il y ait un label ‘sans farine animale’ », afin d’informer les consommateurs. Excellente idée, madame la ministre ! C’est malheureusement le strict minimum…

Pourquoi ne pas maintenir l’interdiction du recours aux farines animales dans l’alimentation des animaux de consommation, et cela quelles que soit leurs familles (bovine, porcine, ovine, etc.) ? Pourquoi prendre de nouveau le risque de voir planer l’ombre de la « vache folle » sur les éleveurs (qui, dans les années 90, furent contraints d’abattre des troupeaux entiers) et les consommateurs (dont plusieurs centaines contractèrent la maladie mortelle de Creutzfeld-Jacob en mordant dans un steak infecté) ?

Les membres de la Commission européenne semblent avoir refoulé la crise de la « vache folle » au fin-fond de leur subconscient. Cette catastrophe sanitaire, l’une des plus dramatiques qu’ait connue le vieux continent, entraîna pourtant dans son sillon funeste des dizaines de milliers de ruminants, infectés par le virus de la « vache folle » (l’encéphalopathie spongiforme bovine) et, indirectement, plusieurs centaines de vies humaines. Pourquoi reviennent-ils sur les lois de 1997 et 2001 qui interdirent les protéines animales transformées pour les bovins, puis pour l’ensemble des animaux de consommation ?

Pour des raisons économiques… Les farines animales remplaceront les farines de poissons, utilisées dans l’aquaculture, qui deviennent de plus en plus onéreuses avec la raréfaction des ressources halieutiques. Et sur les exploitations porcines et avicoles, elles se substitueront aux céréales et au soja, avides de terre, d’eau et de pesticides. Un plus écolo donc !

Mais peut-on réellement faire confiance aux acteurs de l’industrie agro-alimentaire ? Quelques années après la crise de la « vache folle », quelques jours après la fraude de la viande chevaline, peut-on les croire lorsqu’ils labellisent leurs produits ‘sans farines animales’ ?

Crédit photo : REUTERS/Michaela Rehle


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