PDG de Titan : les Français sont des fainéants

Dans une lettre adressée au ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, le PDG de Titan international, Maurice Taylor Jr, n’y est pas allé de main morte pour critiquer vivement l’industrie française depuis qu’il s’est retiré du projet de reprise de l’usine Goodyear condamnée à la fermeture.

Le groupe américain Titan international qui fabrique des pneus pour véhicules agricoles, était l’un des repreneurs potentiels de l’usine Goodyear à la dérive. Après le départ du groupe américain de la table des négociations pour une éventuelle reprise, le PDG exprime dans une lettre tous ses griefs à l’encontre de l’usine française.

L’inefficacité du gouvernement en matière de production et son arrogance sont au coeur des critiques portées dans cette lettre qui fait grand bruit. Les propos tenus sont assez durs et prédisent un avenir sombre pour l’industrie française accusée de se reposer sur un système dépassé qui ne prend pas en compte la nécessité de réadapter les conditions de travail et les salaires à la crise mondiale.

« J’ai visité cette usine à plusieurs reprises. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leur pause et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France ! », a constaté Taylor dans sa lettre.

En colère, le PDG n’hésite pas à remarquer que la fierté française dessert ses usines dans la mesure où la conjoncture économique actuelle amène les acheteurs à rechercher des produits à des prix raisonnables. « Monsieur, votre lettre fait état de votre envie d’ouvrir des discussions avec Titan. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan possède l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’est-ce que possède le syndicat fou ? Il a le gouvernement français. Le fermier français veut des pneus à bon prix. Il se fiche de savoir si les pneus viennent de Chine ou d’Inde, et si ces pneus sont subventionnés. »

La virulence des propos montrent à quel point les négociations ont été ardues. « Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin (…) Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers, Titan n’est pas intéressé par l’usine d’Amiens-Nord », conclut-il.

Après de pareils propos, les ouvriers se sentent insultés et condamnent par la voix du délégué CGT de Goodyear Mickaël Wamen, une « lettre insultante ». « Titan a du mal à percer en Europe. Ce n’est pas avec des propos comme il a tenu aujourd’hui qu’il pourra percer en Europe », a déclaré M. Wamen sur Europe 1.

Arnaud Montebourg de son côté, a préféré se faire petit et ne pas répondre avec violence à son tour au PDG de Titan, pour « ne pas nuire aux intérêts de la France », mais il ronge probablement son frein.