Sarkozy : Raffarin contre-attaque
Jean-Pierre Raffarin taille un costard sur mesure à l’ancien président Nicolas Sarkozy dans un entretien accordé au Figaro. L’ex-premier ministre sous l’ère Chirac a passé en revue les échecs qui ont jalonné le mandat et les meetings du candidat UMP lors de la dernière campagne présidentielle. Pour Raffarin, ces erreurs sont les causes directes de la défaite de Sarkozy qui a davantage été dans le clivage que dans le rassemblement.
À l’heure où les proches de Sarkozy évoquent son retour possible, Raffarin lance un pavé dans la marre en critiquant les méthodes de l’ancien chef de l’Etat. Selon lui, la droite aurait pu gagner en mai 2012 comme en mai 2007, mais plusieurs facteurs ont éloigné la victoire pour la placer du côté de la gauche socialiste. Parmi les erreurs que les Français ont fait payer cher à l’ex-président, il évoque la droitisation de Sarkozy lors du discours de Grenoble en juillet 2010, mais aussi pendant la campagne présidentielle en courtisant ouvertement les électeurs du Front National. Des discours et des mesures clivants donc, éloignant les électeurs de gauche comme ceux de droite qui ne se reconnaissaient pas dans des propos plus radicaux.
Dans les erreurs commises lors du quinquennat, Raffarin critique le fait que Sarkozy n’a pas changé de premier ministre en 2010 alors qu’il était à un tournant où un renouveau total du gouvernement aurait été rafraîchissant et aurait « enclenché une dynamique nouvelle » nécessaire pour booster également la cote de popularité du leader national.
Il ne ménage pas la politique menée dans son camp en évoquant « des investitures sénatoriales absurdes, une réforme territoriale mal portée par le gouvernement, une réforme de la taxe professionnelle improvisée et une désinvolture permanente » vis-à-vis du Sénat. À cela s’ajoute le caractère de Sarkozy face à son concurrent socialiste qu’il a sous-estimé. « Peu de respect pour son adversaire, peu de considération pour ses arguments, peu de distance avec la pression, pas d’humour, pas assez de hauteur, ce débat était un combat bien peu présidentiel », a-t-il commenté. Rien que ça.
C’est donc un Sarkozy peu combatif et peu rigoureux qui est dépeint par son ancien collaborateur. Raffarin propose une vision qui se veut lucide même si elle arrive à contre-courant de celles des proches de l’ex-président qui ont tendance à ménager leur ancien leader et à le brosser dans le sens du poil… peut-être dans l’espoir d’être récompensés en cas de retour à la vie politique ?
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