Dix dealers présumés relâchés dans la nature : une justice à la dérive ?

Dix personnes accusées d’appartenir à un important réseau de drogue du Val-de-Marne ont été libérées après une erreur de calendrier d’un juge. La police est très en colère et il y a de quoi puisque la décision du juge a gâché un travail de longue haleine et risque d’avoir des conséquences terribles sur les victimes.

En confondant deux dates dans son calendrier, un juge d’instruction a libéré dix suspects dans une affaire importante de trafic de drogue. Il s’agit des membres d’une fratrie de Champigny-sur-Marne qui soufflent le chaud et le froid dans la cité des Boullereaux, l’une des plus importantes plaques tournantes du trafic de cannabis de la région parisienne.

Cette cité bien connue des services de police affichait même sur un mur « Bienvenu à Shitland ». Les habitants étaient souvent rackettés et certains devaient payer jusqu’à 10 euros pour prendre l’ascenseur des HLM. Les officiers de police sont très en colère, l’un d’eux souligne une réalité qui fait froid dans le dos : « Le pire, c’est que ces trafiquants vont revenir parader au nez et à la barbe des témoins, qu’ils pourront les menacer, faire des pressions de toute sorte sur de braves gens et que rien ne garantit désormais qu’ils se présenteront tous à leur procès prévu en avril ».

L’amertume des policiers est compréhensible étant donné que ce coup de filet a représenté un travail de deux ans, anéanti en un rien de temps. Le secrétaire général d’Alliance, Jean-Claude Delage, contient à peine son indignation : « Il serait bon que la justice s’applique le même degré d’exigence qu’elle réclame aux policiers. Or cette affaire, qui se résume aujourd’hui à ce que des délinquants présumés attendent tranquillement leur procès dehors, est dans la triste logique de ce que nous prépare la chancellerie, sous l’impulsion de Mme Taubira, qui ne croit pas aux vertus de l’incarcération ».

Simple manque de rigueur du juge ou erreur symptomatique de la masse de travail que connaissent les magistrats débordés par les dossiers, en tout cas cette affaire contribue à montrer un peu plus les failles de la justice telle qu’elle fonctionne aujourd’hui en France.

 

Photo : AFP

 


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