Diesel : le retour en arrière du gouvernement

Quel est l’avenir du diesel en France ? Le carburant préféré des constructeurs et consommateurs français doit-être plus lourdement taxé ? Le dilemme du diesel écartèle le Gouvernement Ayrault et en révèle les contradictions. D’un côté, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui défend bec et ongle la création d’une prime à la conversion. Une mutation toute en douceur. De l’autre, Delphine Batho, la ministre de l’Environnement, qui milite elle pour la hausse radicale de la fiscalité sur le gazole. Qui de ces deux camps emportera l’adhésion du chef de l’Etat et remportera in fine la bataille du diesel ?  

Les membres du Gouvernement Ayrault tombent d’accord sur un point : le diesel, qui reste pourtant bien moins taxé que l’essence, est un carburant hautement polluant qui soulève des questions de santé publique. Ainsi, en juin 2012, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), placé sous la tutelle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a pu démontrer que les gaz d’échappement des moteurs diesels sont directement responsables de l’apparition de certains cancers chez l’homme. Selon l’OMS, la pollution aux particules fines produites par ces moteurs – mais partiellement limitée par certains filtres – provoque chaque année la mort prématurée d’environ 42.000 citoyens français. Une donnée alarmante que Delphine Batho remue comme un épouvantail devant ses détracteurs.

La ministre de l’Environnement possède une seconde arme dans sa besace, une arme lourde en ces temps d’austérité : celle des finances publiques. Pourquoi diable le diesel bénéficie-t-il d’un régime fiscal plus favorable que celui de l’essence ? Alors que sur le premier, l’Etat ne ponctionne que 43 centimes par litre, sur le second il en prélève 61. Une injustice criante. Mais surtout, un moins pour les caisses de l’Etat : 7 milliards d’euros par an, selon la Cour des Comptes. Le Gouvernement socialiste peut-il cracher sur un tel pactole ?

Non, selon la ministre Delphine Batho, qui estime la hausse – « progressive » – de la fiscalité sur le diesel « incontournable ». Pour le ministre du Redressement productif qui s’y oppose farouchement, « c’est un impôt sur des gens qui ont des problèmes de pouvoir d’achat ». Arnaud Montebourg propose donc un compromis qui, selon lui, sauvera l’industrie automobile française, championne du moteur diesel, et le portefeuille des consommateurs qui, pour 60% d’entre eux, roulent au gazole : la création d’une « prime à la conversion » afin de restreindre en douceur le nombre des véhicules diesel en France.

Que se cache-t-il sous cette mystérieuse prime ? Une seconde « prime à la casse » ? M. Montebourg le conteste et défend une mesure sociale et environnementale… Comme un certain journal de droite dont nous tairons le nom. Autre lacune : la mesure proposée par le ministre socialiste ne s’applique qu’aux véhicules de plus de 12 ans, qui sont certes les plus polluants, mais qui ne représentent que 27% du parc automobile.

Entre Montebourg et Batho, le cœur de Matignon balance, que se contente pour l’instant d’indiquer que la « convergence » des taxations essence et diesel est une « piste de travail ».

Crédit photo : LP/Jade Laurent.


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