Chypre : le plan de sauvetage de l’île affole les marchés

Chypre, microscopique île située en Méditerranée orientale, dont la croissance repose quasi-exclusivement sur le secteur bancaire, croule sous les emprunts depuis la crise de la Grèce (2010). C’est pourquoi, dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 mars, la zone euro et le Fonds Monétaire International (FMI) ont accouché (dans la douleur) d’un plan d’aide de 10 milliards d’euros au pays. Et pour l’amortir, les comptes bancaires des Chypriotes devront subir des taxations massives. Une annonce qui, inédite depuis le déclenchement de la crise de la dette en zone euro, a fait trembler les marchés ce lundi matin.

Sans surprise, ce lundi 18 mars, l’euro a chuté au-dessous de la barre de 1,30 dollar. C’est la réponse inexorable de marchés apeurés par le possible impact sur les détenteurs de comptes bancaires de la mesure prise par les membres de l’Eurozone, chapeautée par le ministre des Finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, de taxer les dépôts bancaires chypriotes. Une mesure qui intervient dans le cadre du plan d’aide de 10 milliards d’euros au pays, l’énième membre de l’Eurozone qui, avec la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, bénéficie d’une assistance financière en trois ans.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, samedi à Bruxelles. © Reuters

La directrice générale du FMI Christine Lagarde et le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, le 16 mars à Bruxelles. © Reuters

Que redoutent exactement les marchés ? Que les déposants, non-contents de voir leurs économies rabotées, fassent des retraits massifs dans l’île, mais aussi dans d’autres Etats de la zone euro. Et on les comprend, lorsqu’on réalise que l’Eurozone prévoit une taxe de 9,9% sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros et de 6,7%  sur les autres. Ces chiffres pourraient néanmoins être modulés à l’issue des discussions entre le nouveau gouvernement chypriote de Nicos Anastasiades et les créanciers internationaux. Car Chypre, qui refuse de pénaliser les petits épargnants, milite pour une taxe exceptionnelle de 3% sur les comptes dont le montant est inférieur à 100.000 euros et de 12,5% sur les autres dépôts.

Le nouveau président chypriote Nicos Anastasiades et la chancelière allemande Angela Merkel, le 15 mars à Bruxelles. © Reuters/Laurent Dubrule

Le nouveau président chypriote Nicos Anastasiades et la chancelière allemande Angela Merkel, le 15 mars à Bruxelles. © Reuters

Quoiqu’il en soit, l’annonce de l’Eurozone a d’ores et déjà poussé de nombreux Chypriotes devant les portes de leurs banques, exceptionnellement fermées en ce jour férié. Mardi, l’éventuelle fermeture des établissements financiers empêchera-t-elle les déposants, qui redoutent de voir leurs économies fondre sous le « soleil » de la crise, retirer leurs fonds dans la précipitation ? Rien n’est moins sûr… Une chose est sûre en revanche : le Parlement chypriote, qui se réunit aujourd’hui, votera sûrement le plan de sauvetage dessiné par l’Eurogroupe ce week-end à Bruxelles.

Crédit photo : AFP/FLORIAN CHOBLET


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