Syrie : la France livrera-t-elle des armes aux rebelles syriens ?

Dimanche 17 mars, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a de nouveau milité pour assouplir, voire lever l’embargo sur les armes en Syrie, condition sine qua non pour que la France et ses alliés puissent livrer des armes aux rebelles de la Coalition nationale syrienne. Pour l’hôte du quai d’Orsay, c’est le seul moyen d’enrayer l’influence des islamistes du front Al-Nosra, proches d’Al-Qaida, qui ne cesse de croître depuis deux ans. Mais, pour ceux qui, depuis Bruxelles ou Paris, s’y opposent, c’est le risque de favoriser la dissémination des armes en Syrie.

Qui Laurent Fabius tente-t-il de convaincre lorsqu’il défend la nécessité de livrer des armes aux rebelles de la Coalition nationale syrienne au micro de France 3 dimanche dernier ? Les quelques parlementaires français qui conspuent l’interventionnisme (voire le bellicisme) du gouvernement socialiste ou les 25 sceptiques de l’Union européenne, parmi lesquels l’Allemagne, qui refusent de lever l’embargo sur les armes en Syrie ? Les deux, mais aussi l’opinion.

Et pour y parvenir, le ministre des Affaires étrangères ne recule devant rien, pas même devant l’utilisation de la peur que suscite Al-Qaida, dont il remue l’avatar syrien, le front Al-Nostra, à la manière d’un épouvantail. Ainsi, pour M. Fabius, la levée de l’embargo en Syrie serait le meilleur moyen de contrer les islamistes. « Bachar ne veut pas bouger. Si ça continue comme aujourd’hui, non seulement il va y avoir de plus en plus de morts, mais le risque c’est que ce sont les plus extrémistes, c’est-à-dire Al-Qaida, qui finalement prennent le dessus », a répété, dimanche 17 mars, l’hôte du quai d’Orsay sur France 3, avant de rappeler que la Coalition nationale syrienne, qui recevrait les armes franco-britanniques, est aujourd’hui reconnue par la majeure partie de la communauté internationale.

Reprenant à son compte l’argumentation portée les 14 et 15 mars derniers à Bruxelles, lors du Conseil européen, par François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron, le chef de la diplomatie française a expliqué : « Si on veut arriver à une solution politique, ce qui est nécessaire, il faut bouger la situation militaire sur le terrain et, pour la faire bouger, il faut que les résistants puissent avoir des armes pour lutter contre les avions qui les mitraillent ».

Laurent Fabius n’en reste pas moins conscient que la France et la Grande-Bretagne restent pour l’heure isolées et que de nombreux pays, dont l’Allemagne, restent hostiles à la levée de l’embargo, par crainte de favoriser la dissémination des armes en Syrie. D’autres s’interrogent. « Il est tout à fait légitime que l’on se pose des questions, mais à un moment donné, il faut répondre », a conclu le ministre socialiste, qui devra attendre la rencontre de Dublin, la semaine prochaine, pour obtenir une réponse.

Photo : le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le 12 mars 2013. AFP/Pierre Andrieu.


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