Mariage Gay : les raisons des opposants français 

Dimanche 24 mars, la « Manif pour tous » a rassemblé entre 300.000 (selon la police) et 1.400.000 (selon les organisateurs) personnes opposées au projet de loi de Christiane Taubira qui, s’il passe au Sénat, ouvrira le mariage et l’adoption aux couples homosexuels. Pour quelles raisons ces individus « chamarrés » – des familles tractant des poussettes ou portant sur leurs épaules des enfants, des chrétiens-démocrates avec à leur tête l’ancienne ministre anti-Pacs Christine Boutin, des élus UMP comme Hervé Mariton ou d’extrême droite comme Bruno Gollnisch et Gilbert Collar, mais aussi les « sympathiques » étudiants du Groupe Union Défense (GUD) – ont-ils défilé vers la Place de l’Etoile ?

Pour protester une énième fois contre le projet de loi du « Mariage pour tous » qui, adopté par l’Assemblée nationale le 12 février dernier, arrivera prochainement au Sénat. Pour connaître les raisons de la colère de ces quelques centaines de milliers de Français qui, pour la plupart, n’étaient jamais descendus dans la rue avant la manifestation du 13 janvier dernier, il faut jeter un œil au site lamanifpourtous.fr, qui recense l’ensemble des arguments des anti-mariage gay. En voici quelques exemples:

Pourquoi les homosexuels devraient-ils se marier alors qu’ils disposent d’autres modes de relation reconnus par la loi, comme le PACS, auquel nombre d’actuels détracteurs du « mariage pour tous » étaient opposés dans les années 90, ou l’union libre ? Pour les manifestants amassés dimanche dans les rues de la capitale, le mariage est « un choix précis et exigeant, qui ne prétend en rien à l’universalité ». Et l’ouvrir aux couples de même sexe constituerait non pas une avancée sociale, mais un « nivellement ».

Pour les anti-mariage gay, qui refusent d’être qualifiés d’homophobes, « les « différences de traitement » reconnues par le droit (…) ne sont pas des discriminations ; elles servent à l’équilibre des familles et des enfants ». Les enfants élevés par deux papas ou deux mamans seraient donc déséquilibrés…

Le mariage « n’est pas la consécration d’un amour » entre deux personnes, mais une institution destinée à protéger « la dignité respective des enfants et des parents » et à encadrer « la filiation ». Car au fondement de la famille, conçue comme exclusivement biologique par les « manifestants pour tous (sauf les homos) », se trouve le mariage.

Ceux qui conspuent dans la rue le projet de loi de Christiane Taubira prétendent défendre le « droit de l’enfant » contre le « droit à l’enfant ». Pour les « anti », les couples de même sexe désireux d’adopter un enfant font preuve d’égoïsme, puisqu’ils ne cherchent qu’à satisfaire « des désirs individuels ». Ce n’est pas le cas des couples stériles qui, eux, sont touchés par une pathologie.

L’adoption, qui est « une réponse à une situation de détresse dans laquelle un enfant ne peut pas être accueilli et éduqué par ceux qui lui ont donné la vie », est acceptable dans le cas de couples hétérosexuels, parce qu’elle « offre une similitude symbolique avec le couple qui a donné naissance à l’enfant », selon les organisateurs de la « Manif pour tous ». En d’autres termes, les parents adoptifs peuvent faire croire à l’enfant comme à la société qu’ils sont les parents biologiques. Les apparences sont donc sauves.

Dans leur manifeste, les anti-mariage gay trouvent utile de justifier la manifestation comme moyen de pression politique vis-à-vis du gouvernement socialiste qui ne se serait « pas donné le temps et les moyens du débat » et qui traiterait les manifestants avec « mépris ».

Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO


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