Nicolas Sarkozy : l’ex-président veut annuler sa mise en examen « injuste »

Mis en examen jeudi 21 mars pour abus de faiblesse dans le cadre de l’Affaire Bettencourt, l’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, soutenu par ses nombreux « amis », s’est empressé de clamer son innocence : « Je n’en resterai pas là » ! Des paroles en l’air ? Non. L’éternel « chef spirituel de l’UMP » déposera bel et bien un recours contre la décision « injuste » d’un juge « partial », Jean-Michel Gentil, responsable, avec Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, de sa mise en examen. Que reproche exactement Nicolas Sarkozy au juge Gentil ?

Le prédécesseur de François Hollande aux commandes de l’Etat, mis en examen jeudi dernier pour abus de faiblesse sur une vieille dame, Liliane Bettencourt, qui se trouve accessoirement être la riche héritière de l’empire L’Oréal, ne risque pas d’oublier qu’il a perdu son immunité présidentielle. Au lendemain de sa mise en examen par le juge Jean-Michel Gentil, Nicolas Sarkozy a averti qu’il déposerait un recours contre une décision « injuste ». « C’est parce que j’ai confiance dans l’institution judiciaire que j’utiliserai les voies de droit qui sont ouvertes à tout citoyen », a-t-il écrit sur son compte Facebook lundi 25 mars, prônant « une justice impartiale et sereine ».

Sur quels éléments Nicolas Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, entendu en novembre comme témoin sur d’éventuelles pressions exercées sur la Justice durant son mandat, se baseront-ils pour prouver la partialité de Jean-Michel Gentil et annuler in fine la mise en examen de l’ancien chef de l’Etat ? Sur une « tribune politique » qui, paraphée par le magistrat cinq jours avant la perquisition chez Nicolas Sarkozy, vilipende les mesures de « Nicolas Sarkozy et celle(s) de son prédécesseur », Jacques Chirac, et les accuse « de vouloir protéger les corrompus ».

Ces quelques lignes ont aussitôt déclenché la colère des proches de l’ancien candidat de la droite républicaine, qui ont vu dans sa mise en examen, une décision « injuste » et « extravagante », prise par un « juge engagé », voire, pour les plus conspirationnistes, une manipulation politique de la Justice. Mais, ces quelques lignes suffiront-elles pour invoquer l’impartialité du juge Gentil et la nullité de sa décision auprès de la chambre de l’instruction de Bordeaux ? Rien n’est moins sûr…

Pour y parvenir, Me Herzog devra contester les indices « graves et concordants » qui, répertoriés par Jean-Michel Gentil, ont transformé le statut de témoin assisté de M. Sarkozy en statut de mis en examen. Il devra donc démonter les faits établis par les trois juges d’instruction lors de la confrontation entre Nicolas Sarkozy et les employés de Liliane Bettencourt, intervenue jeudi 21 mars : 1. l’ancien chef de l’Etat s’est rendu à plusieurs reprises chez l’héritière de L’Oréal en 2007 ; 2. il a rencontré Liliane Bettencourt ; 3. il connaissait le circuit de remise d’argent entre le gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, et le trésorier de sa campagne présidentielle, Eric Woerth.

Mission impossible ? Pas si l’avocat de Nicolas Sarkozy conteste ces éléments en invoquant l’impartialité du juge Gentil, autrement dit, en prouvant que les motivations de sa décision (la mise en examen) sont fallacieuses, car orientées politiquement, comme le prouverait sa « tribune politique ». Problème : ces propos auraient été prêtés à tort au magistrat. Et même si Jean-Michel Gentil était dessaisi de l’enquête pour partialité, Me Herzog devrait encore prouver celle des deux autres juges responsables de la mise en examen de son client, Cécile Ramonaxto et Valérie Noël.

Ce n’est donc pas demain que Nicolas Sarkozy annulera sa mise en examen en invoquant la partialité de Jean-Michel Gentil. Il lui faudra trouver autre chose pour échapper à la Justice.

Crédits photo : Reuters


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