Evasion fiscale : Laurent Fabius dans le viseur de Libération
Ce lundi, Libération consacre sa Une au « séisme politique et moral » qui secoue le gouvernement socialiste depuis les aveux de son ministre des Finances, Jérôme Cahuzac, publiés le 2 avril sur son blog : « J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte (…). J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remord. » Selon le quotidien, « le cauchemar continue » de planer sur l’Elysée… Ou plutôt sur le Quai d’Orsay, dont l’hôte, Laurent Fabius, est soupçonné par Mediapart de posséder un compte dans un paradis fiscal.
Que révèle la Une du Libération de ce lundi 8 avril 2013 ? Que les hommes (et femmes) politiques sont tous « pourris » et corrompus jusqu’à la moelle, comme semblent le penser 77% des Français, selon une enquête Opinionway-Le Figaro-LCI ? Puisqu’après le ministre des Finances, Jérôme Cahuzac, c’est au tour du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de cristalliser les soupçons d’évasion fiscale. La Une du journal ne révèle-t-elle pas plutôt la dérive mercantile et sensationnaliste de la presse française qui, contrainte pour survivre de séduire un lectorat avide de news « chaudes » et scandaleuses, ne redoute plus de perdre sa crédibilité en relayant des rumeurs infondées ?
Le cœur du ministre incriminé balance du côté de la seconde option. Normal. Ainsi, dimanche 7 avril, Laurent Fabius a « démenti formellement » la « rumeur relayée [ce lundi 8 avril] par Libération » qui l’accuse de détenir un compte en Suisse. « Je démens formellement la rumeur, relayée par Libération dans son édition du lundi 8 avril, m’attribuant un compte en Suisse. Elle ne repose sur aucun élément matériel et est dénuée de tout fondement », a expliqué le ministre socialiste dans un communiqué, ajoutant avoir mandaté son avocat « pour qu’il engage les procédures juridiques permettant de le démontrer et de faire cesser la diffusion de ces informations fausses et calomnieuses ».
Car le procès médiatique implicitement intenté contre lui par Libération ne risque pas de s’arrêter là. Même si Mediapart dément explorer une quelconque piste, par l’intermédiaire de son papa, Edwy Plenel, qui explique sur Twitter : « Libération perd la tête : demain, il transforme en information une rumeur sur Fabius en prétendant démentir une non-information de Mediapart. »
Pourquoi diable le bébé de Jean-Paul Sartre utilise-t-il la titraille « une possible affaire Fabius tétanise l’Elysée » ? Pourquoi explique-t-il que « le ministre des Affaires étrangères dément avoir un compte dans un paradis fiscal contrairement à une piste explorée par Mediapart » s’il ne possède aucun élément concert sur la soi-disant piste du site d’investigation? Mystère et boule de gomme… Et la réponse de Fabrice Arfi, la nouvelle star de Mediapart et révélateur du « Cahuzacgate » laisse planer le doute : « Il n’existe à Mediapart que ce qui est publié sur notre site ».
Crédit photo : Laurent Fabius en février 2013. MaxPPP.
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