L’Homophobie explose en France

Entre janvier et mars, le nombre de témoignages à SOS Homophobie a triplé, par rapport à 2012. Le débat sur le mariage pour tous a libéré la parole des victimes, mais aussi des homophobes. C’est ce que montre le rapport annuel de SOS Homophobie publié mardi 14 mai.

«Ta gueule, sale pédé ! Regarde-moi dans les yeux si t’as des couilles», cette phrase, d’une violence inouïe, a été prononcé contre Yohan, gérant d’un bar gay de Lille, le 17 avril dernier. Quatre hommes, venus pour « casser du pédé » ont alors passé à tabac le patron et deux de ses collègues.
Au même moment, un client d’un bar gay de Bordeaux est frappé. Dix jours plus tôt, dans la nuit du 6 au 7 avril, Wilfred de Bruijn, un Néerlandais, et son compagnon, ont été agressés à Paris «On est attaqués par un groupe de trois-quatre homme, raconte t-il au micro de France Inter, trois jours après les faits. Ils ont dit: « Tiens, des homos »»

Si en globalité la société française est plus tolérante, un noyau dur homophobe persiste et est plus virulent.
Selon SOS Homophobie, 45% des victimes ressentent un mal être profond dû au «climat d’intolérance et à l’homophobie latente».
Tellement «latente» que certaines personnes ne se rendent pas compte d’être victime d’homophobie. «Il arrive que lorsqu’on demande à une jeune lesbienne si elle a déjà été confrontée à l’homophobie, elle nous réponde que non, relate Elisabeth Ronzier, présidente de l’association. Puis qu’au fil de la conversation, elle nous raconte qu’en fait, elle ne va pas avec sa copine aux repas de famille, qu’elle s’interdit de dévoiler son orientation sexuelle au travail…»

C’est une hausse sans précédent des violences et des insultes homophobes. 1 977 récits ont été recueillis en 2012. C’est 27% de plus que l’année précédente.
La loi pour le mariage pour tous, adoptée définitivement le 23 avril dernier, après de houleuses manifestations et de violents débats, a libéré l’homophobie. Et cela a des conséquences effroyable : drogue, solitude, dépression, suicides… Entre le 1er janvier et fin mars, les appels et les mails reçus par SOS Homophobie ont triplé. En 3 mois, 1 200 personnes (soit 400 par mois), ont appelé l’association, contre 1 556 sur l’ensemble de l’année 2011.

Selon le dernier sondage BVA, 58% de la population se dit favorable à l’ouverture du mariage (pas forcément de l’adoption) aux couples du même sexe.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés