Viols en Egypte : 99% des femmes agressées sexuellement
Selon un rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) publié au Caire mercredi 16 avril, suite à la chute du Président Moubarak, les égyptiennes qui souhaitent participer aux multiples manifestations politiques n’ont cessé de subir des violences et des agressions sexuelles exercées publiquement et en toute impunité.
Ces agressions, qu’aucun gouvernement ne combat, dissuadent les femmes de participer à la vie publique et à la transition politique majeure de leur pays. Une situation révoltante mis en relief par le rapport de la FIDH qui dénonce le caractère d’urgence aux autorités égyptiennes afin qu’elle y mettent un terme.
Impunité des abus sexuels en public : « le cercle de l’enfer »
Les deux premières semaines de la révolution ont été étonnamment pacifiques, au point que les égyptiennes se sentent étonnamment en sécurité sur la place du Tahrir du Caire. Une période qualifiée de « magique » par ces femmes si souvent victimes d’abus publics.
Mais l’« euphorie » est vite retombée et un retour des violences « plus choquant » que jamais a violemment contrasté avec ce moment de répit. Durant les 16 mois suivant, les manifestantes furent les cibles prioritaires des forces armées, battues dans les rues et soumissent à des violences diverses en détention comme les tests dit « de virginité » ou encore des menaces répétées de viols.
Dés le 30 juin 2012, sous la présidence de Mohamed Morsi, les égyptiennes furent régulièrement attaquées par des groupes d’hommes sur la place du Tahrir ou dans ses environs lors des manifestations. Plus de 250 cas ont été recensés par des organisations entre novembre 2012 et juillet 2013 dont des viols, la police ayant désertée les lieux.
Le procédé est toujours le même : des dizaine d’hommes encerclent une femme puis l’isolent, lui arrachent ses vêtements et se livrent à des attouchements conduisant souvent à un viol collectif. Les égyptiennes ont surnommé la pratique « le cercle de l’enfer ».
Directement adressée au président Morsi, une pétition a été lancée en février 2013 par des associations de défense des droits des femmes dénonçant « le ciblage des activistes féminines pour sanctionner leur participation à la vie publique et les exclure de la vie politique. »
Quand la police participe aux violences sexuelles
Et même si depuis juillet 2013, lors du coup d’Etat en Egypte, la police est retournée sur place, elle n’a en aucun cas empêché les violences sexuelles. Accusées la plupart du temps d’être à l’origine de leur propre viol, les femmes n’ont aucun moyen de se défendre et ne sont pas protégées par les forces de l’ordre.
Durant la vague de manifestation de soutien à Mohamed Morsi, le 16 août 2013, la mosquée de Al-Tawheed a été prise d’assaut par les forces militaires. Pendant cette attaque, plus de vingt égyptiennes ont été sexuellement agressées par des officiers. Une rescapée des viols a avoué que les autorités les avaient qualifié de « prostituées venues se faire baiser ».
Et cet exemple n’est pas un cas isolé. On recense en effet de très nombreux cas de viols commis par la police en Egypte. Certaines femmes courageuses ont voulu porter plainte mais aujourd’hui encore, aucun agresseur n’a été inquiété. La majorité du temps, les autorités n’ouvrent même pas d’enquête et demandent même parfois aux victimes si elles ne sont pas certaine d’être à l’origine de ces violences sexuelles.
La démocratisation du viol : 86% des hommes assument
La FIDH replace ces faits dans un contexte culturel au sein d’une société où le harcèlement sexuel est pratiqué de façon massive dans les rues, les transports en commun, les lieux de travail ou encore dans les écoles et les universités.
Et les chiffres sont accablants. D’après une étude publiée en avril 2013 de UN Women, 99,3% des égyptiennes affirmaient avoir été agressées sexuellement. 91% d’entre elles ont admis ne pas se sentir en sécurité dans la rue. Une autre étude menée par le Centre égyptien pour les droits des femmes publiée en 2008 révélait que 86% des hommes interrogés reconnaissaient avoir déjà agressé sexuellement une femme.
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