Loi sur la fin de vie: Pourquoi les religieux s’en mêlent ils ?

La fin de vie pose des questions éthiques, philosophiques et religieuses. Les religions s’opposent à ce que l’être humain ôte la vie de son prochain, même si ce dernier le désire. Seul dieu peut le rappeler à lui.

Ensemble, les responsables religieux ont lancé un appel contre la proposition de loi sur la fin de vie à la veille de son examen à l’Assemblée nationale.

La proposition de loi des députés Alain Claeys (PS, Vienne) et Jean Leonetti (UMP, Alpes-Maritimes) sera examinée les 10 et 11 mars. Elle n’autorise ni l’euthanasie, ni le suicide assisté mais le malade en phase terminale aura le droit à une sédation « profonde et continue » jusqu’au décès. Elle prévoit des directives anticipées contraignantes (consignes écrites par le patient sur sa fin de vie).

Pourtant, cinq représentants des trois grandes religions monothéistes se sont exprimés conjointement dans une tribune publiée par Le Monde lundi 9 mars à l’encontre de cette proposition.

Philippe Barbarin (cardinal, archevêque de Lyon), François Clavairoly (président de la Fédération protestante de France), monseigneur Emmanuel (métropolite de France, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France), Haïm Korsia (grand rabbin de France) et Mohammed Moussaoui (président de l’Union des mosquées de France et président d’honneur du Conseil français du culte musulman) expriment leur refus d’une loi permettant la sédation jusqu’à la mort.

Dans contexte économique, politique, financier et morale difficile, ils trouvent qu’un « nouveau débat sur la fin de vie risque d’y ajouter de la confusion ».

Leur appel se fait « inquiet et pressant » afin que la loi ne remette pas en cause le principe que « toute vie humaine doit être respectée spécialement où elle est le plus fragilisée ». Ils refusent qu’une loi puisse écourter la vie. Ils craignent un abus de la « sédation », qui en elle-même se distingue de l’euthanasie puisqu’elle n’écourte pas la vie. Ils rapprochent les deux termes puisque la finalité reste la même : donner la mort à un patient.

Mettant la vie au centre de tout, ils s’élèvent contre une loi légalisant « un geste de mort ». Ils s’interrogent « L’homme se croit-il en mesure de décerner – pour lui-même ou pour autrui – des brevets d’humanité ? ».

Ils évoquent le droit français qui condamne l’euthanasie et le Conseil de l’Europe qui a fait une recommandation dans le même sens en 1999.

Pour eux, une société doit protéger les plus fragiles, sinon elle perd son humanité. Ils réclament ainsi un accompagnement des personnes en fin de vie, en les protégeant par « l’interdit de tuer ».

La société irait jusqu’à abuser de la sédation profonde, pour se séparer au plus tôt des malades dont l’état ne s’améliorera jamais ?

Quand on visite les hôpitaux, quand on se plonge dans le regard de quelqu’un qui ne veut que la mort mais qui est trop faible pour se la donner, il faut avoir la foi pour les forcer à vivre. Il faut de la foi encore pour lutter contre le désespoir qui ronge les patients et celui des proches qui souffrent de voir l’inévitable arriver si lentement.

Est-ce amoral de vouloir mettre un terme à de telles douleurs ? Voient-ils comme une perte d’espérance l’autorisation de soulager les souffrances terrestres ?


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